« Pour construire une ville aérée, il faudra monter plus haut »

ROLAND RIES maire et président de l'eurodistrict Strasbourg-Ortenau -

Défenseur de la ville dense, le maire de Strasbourg annonce « des options claires », dans le plan local d'urbanisme, pour permettre des constructions plus hautes. Egalement président de l'Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, Roland Ries défend l'idée d'un statut européen pour ce territoire.

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- Quel bilan tirez-vous de la concertation sur le plan local d'urbanisme, que vous avez lancée en décembre 2008 ?

Dans la mesure du possible, j'essaie de susciter l'adhésion des citoyens à l'idée de coproduction urbaine. Certains me reprochent de perdre du temps. J'espère au contraire en gagner en aval, grâce à un dialogue qui évite de commettre des erreurs au départ. Cette démarche s'est traduite pendant la gestation du PLU, à travers des ateliers par quartiers et par secteurs. Le difficile exercice qui amène à la décision publique doit éviter deux écueils : d'une part, l'absence de vision qui conduit à des réponses au gré des opportunités foncières, ce que j'appelle l'urbanisme de confettis ; d'autre part, l'idée que le maire et ses collaborateurs puissent élaborer un plan seuls, sans le concours du public. Cet exercice ne doit pas bloquer les opérations nécessaires, comme nous sommes en train de le montrer dans l'écoquartier du Danube. Mais le PLU constitue l'ossature intellectuelle autour de laquelle se développent ces opérations.

- Cette ossature repose-t-elle sur l'idée d'une ville dense ?

Face à la tendance naturelle des citoyens qui nous disent : « Faites-nous des parcs ! On meurt sous le béton ! », je réponds : « On ne peut multiplier les Orangeries (1) ». L'idée de parcs naturels urbains m'intéresse si elle n'exclut pas la construction. Pour construire une ville aérée, il faudra monter plus haut, densifier les espaces constructibles en acceptant de jouer sur le coefficient d'occupation des sols. Le PLU prendra des options claires dans ce domaine.

- La « Métropole des deux rives », retenue dans l'appel à projet national des écocités, s'inscrit-elle dans cette vision ?

L'idée d'écocité répond bien à notre volonté d'aller au-delà des projets d'écoquartiers, engagés par ailleurs, pour aller vers une ville durable structurée par des axes urbains, en particulier l'arc qui relie le parc des expositions à la gare, puis au parc du Heyritz et à Kehl. Cette dernière partie forme le cœur d'une agglomération traversée par le Rhin. Dans cette dynamique, l'urbanisation de la presqu'île Malraux, dont nous choisirons les opérateurs en juillet, constitue une étape clé qui me tient particulièrement à cœur : nous chercherons à en conserver l'identité portuaire tout en rendant les équipements fonctionnels et compatibles avec la vie nocturne qui manque à Strasbourg.

- Parmi les nouveaux modes de transport annoncés dans l'agglomération, comment se positionne le bus à haut niveau de service ?

Entre le tramway qui ne se justifie que dans les zones de très forte densité et les couloirs de bus qui répondent à la demande en première et seconde couronne, le BHNS peut apporter les avantages du confort, de la fréquence et du site propre. Compte tenu de l'étroitesse de la route de Brumath où pourrait se positionner une desserte du nord de l'agglomération, nous étudions l'idée d'une voie unique avec croisements en station.

- Quels espoirs placez-vous dans l'Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, dont vous avez pris la présidence le 4 février ?

Il ne s'agit pas simplement, pour moi, d'un territoire expérimental de coopération comparable aux autres. J'ambitionne de retrouver l'esprit des pères fondateurs de l'Europe qui avaient imaginé ici un territoire sous statut européen, un peu comparable à Washington DC aux Etats-Unis. Cette ambition ne se confond pas avec la gestion de l'agglomération transfrontalière, avec ses projets communs, qui supposent en aval les délibérations des institutions existantes. On ne peut pas sortir immédiatement de ce cadre. Le cofinancement strasbourgeois du stade d'athlétisme d'Offenbourg constitue une première étape. L'existence de deux ports complémentaires, de part et d'autre du Rhin, nous invite à réfléchir à une structure chapeau. Surtout concentrés sur le territoire urbanisé qui relie Strasbourg à Kehl, ces projets s'inscrivent dans une vision globale du réseau urbain du Rhin supérieur, de Karlsruhe à Bâle et Mulhouse.

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