Prévention : une boîte à outils contre les accidents

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Y aura-t-il un « avant » et un « après-JO » en matière de prévention dans le BTP ? Malgré des défis de taille - planning contraint, foncier restreint, forte co-activité… -, la Solidéo s'est engagée à faire de la sécurité des compagnons sur les chantiers une priorité. Fil rouge de la démarche, la charte Hygiène, santé, environnement (HSE), déployée sur le village des athlètes et le cluster des médias avec l'OPPBTP, les instances de prévention et de contrôle ainsi que les organisations syndicales, vise à aller au-delà des exigences réglementaires sur le sujet.

Pour garantir l'exemplarité des chantiers, la Solidéo a ainsi misé sur une implication de l'ensemble des parties prenantes. « Nous avons co-construit une démarche de prévention interchantiers, avec des points d'étape réguliers destinés à partager des retours d'expérience et des bonnes pratiques, et ainsi créer une culture commune autour de la sécurité », explique Paul Duphil, secrétaire général de l'OPPBTP. Parmi les initiatives concrètes, des visites de chantiers croisées impliquant maîtres d'ouvrage et entreprises, la constitution de clubs des préventeurs HSE et des coordonnateurs « sécurité et protection de la santé » (SPS), ou encore l'organisation de trophées de la sécurité et d'olympiades de la prévention.

Voir au-delà des chiffres. Au total, quelque 30 000 salariés ont officié sur l'ensemble des ouvrages olympiques depuis le début des travaux. Le dernier décompte fait état de 170 accidents du travail, dont 28 graves - aucun décès n'est à déplorer à ce jour. « Cette sinistralité est souvent présentée comme significativement inférieure à celle du secteur, mais elle reflète ni plus ni moins celle des grands groupes sur les chantiers dont ils ont la maîtrise, relativise Paul Duphil. Ce qui n'enlève rien au mérite de la Solidéo, en particulier dans le choix des entreprises générales de bâtiment et l'accompagnement des différents maîtres d'ouvrage. » Pour Vincent Giraudeaux, président de la Fédération des acteurs de la prévention (FAP), « il serait vain de raisonner par analogie avec d'autres chantiers, tant leur typologie varie ». Le préventeur invite en outre à la prudence, « car les travaux ne sont pas tout à fait finis ». Et d'ajouter : « la santé et la sécurité ne sauraient être uniquement représentées par des chiffres. On oublie la dimension psychologique du travail pour l'encadrement dont une partie des effectifs, soumise à une certaine pression liée au respect du planning, pourrait ressortir épuisée de cette période. » Avec un risque de burn-out. Le président de la FAP insiste ainsi sur la nécessité d'aborder le registre de la prévention avec humilité. « Réjouissons-nous avant tout des moyens mis en œuvre, enjoint-il. A commencer par ceux, exceptionnels, déployés sur le plan des contrôles. » L'inspection du travail en a diligenté pas moins de 1 200 depuis le début des travaux. « De quoi amener tous les acteurs à une vigilance accrue, commente Paul Duphil. Il en va de même concernant les services de l'assurance maladie et des représentants de la charte sociale Paris 2024, qui nous ont apporté leur regard extérieur. » Vincent Giraudeaux retiendra aussi le rôle du collectif. « C'est la concertation entre tous les acteurs, dès l'amont des travaux, qui aura permis de progresser », conclut le préventeur.

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