Prix de l'Equerre d'argent 2011 : rénovation de la tour de logements Bois-le-Prêtre à Paris (XVIIe)

La tour de logements Bois-le-Prêtre, à Paris, rénovée par Frédéric Druot, associé à Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal pour le compte de Paris habitat a été distinguée le 28 novembre par le prix d'architecture de l'Equerre d'argent. Détails.

La tour de logements Bois-le-Prêtre, à Paris, échappe à la démolition et se restructure grâce à l’ajout en façade de jardins d’hiver empilés. Servant de régulateur thermique, cette épaisse double peau offre surfaces supplémentaires, confort accru et luminosité décuplée.

Porte Pouchet, dans le XVIIe arrondissement de Paris, non loin du boulevard périphérique, la tour d’habitation Bois-le-Prêtre a été érigée entre 1959 et 1962 par l’architecte Raymond Lopez. Cet édifice de 16 étages et 50 m de hauteur abrite une centaine de logements sociaux. En 1990, Paris Habitat - alors Opac de Paris - réalise des travaux de mise aux normes de la tour portant notamment sur l’isolation par l’extérieur des façades, la sécurité, le système de chauffage. Après la décision de ne pas démolir la tour, le maître d’ouvrage a organisé un concours d’architecture restreint en 2005, dont l’équipe lauréate réunit les architectes Frédéric Druot (mandataire) et Lacaton et Vassal (associés). Ceux-ci conduisent la restructuration complexe en site occupé de l’immeuble, pour une livraison prévue au printemps 2011. Le projet propose un agrandissement notable des surfaces des appartements, en greffant des couronnes de planchers sur la périphérie de l’immeuble.

Cette extension se concrétise par l’ajout en façade de jardins d’hiver de 16 à 33 m², prolongés par des balcons de 6 à 18 m², la surface des logements augmentant sans modification de loyer. Si ce dispositif accroît l’habitabilité des logements, il améliore aussi le confort des espaces intérieurs, par l’apport massif de lumière naturelle et la garantie d’une isolation thermique et acoustique performante des façades. Sur le plan structurel, l’ossature conservée en béton comporte des refends et des planchers en hourdis dotés de poutres de rive.

Par ailleurs, pour permettre l’accessibilité aux handicapés, les trois ascenseurs existants insérés dans le noyau béton seront remplacés par trois ascenseurs dissociés, dont deux créés sur les pignons, permettant de rendre accessibles tous les appartements. Parallèlement au remodelage des façades, les espaces internes des appartements sont rénovés à la demande des locataires pour les finitions, avec une remise à neuf de l’installation électrique, du système de ventilation et des appareils sanitaires.

La pose en cinq étapes

L’entreprise Brézillon a mis au point une méthodologie de pose des extensions préfabriquées qui garantit la sécurité des intervenants. Les fenêtres PVC existantes et leurs allèges sont déposées et remplacées par des châssis vitrés coulissants toute hauteur en aluminium. Les modules préfabriqués de 7,50 m de longueur, constitués d’une dalle équipée de son garde-corps vitré, sont posés sur deux lignes de poteaux métalliques préalablement fixés à la structure béton existante de la tour.

Des poteaux d’aciers sont ensuite posés sur la dalle à l’aplomb des poteaux du niveau inférieur avant le grutage du module suivant, un étage au-dessus. Des panneaux coulissants translucides en polycarbonate viennent ensuite fermer le jardin d’hiver. Ils sont doublés de rideaux d’ombrage tandis que les menuiseries vitrées qui ferment l’appartement sont dotées de rideaux thermiques.

Fiche technique

Maître d’ouvrage : Paris Habitat. Architecte mandataire : Frédéric Druot Architecture. Architectes associés : Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal. Bureau d’études fluide : Inex. Bureau d’études structure : VP Green. Economiste : E2I/Vincent Pourtau. BET acoustique : Gui Jourdan. BET sécurité incendie et accessibilité : Vulcanéo. Entreprise générale : Brézillon, avec notamment ACMD (charpente métallique), Chosset et Luchessa (menuiseries extérieures), Indepol (démolition, désamiantage).

Jardin d'hiver - Espace de régulation thermique

Les jardins d’hiver sont fermés par des cloisons mobiles transparentes en polycarbonate installées à 2 m des baies vitrées, ce qui laisse un débord de balcon extérieur. « Cette zone tampon agit comme un régulateur thermique », décrit l’architecte Frédéric Druot. L’objectif est de générer d’importantes économies d’énergie, avec une réduction des charges de chauffage estimée à 50 %. Les baies vitrées des séjours seront protégées par des rideaux de laine de mouton et de textile dont la face extérieure constituée de Mylar, une bâche réfléchissante argentée, renvoie 95 % du rayonnement solaire. Les cloisons mobiles des jardins d’hiver seront, elles, munies de rideaux d’ombrage en tissu réflectif.

Avant/Après - Un gain de surface de 40 %

Changées lors d’une première rénovation dans les années quatre-vingt-dix, les fenêtres en PVC reposent sur des allèges en panneaux d’amiante-ciment doublés d’une isolation (photo de gauche). Après l’habillage des façades ouest puis est par des jardins d’hiver empilés, les pignons nord et sud de la tour seront à leur tour pourvus d’extensions à structure acier chauffées agrandissant les logements et ouvrant sur des balcons (image de synthèse de droite). La surface hors œuvre nette passera ainsi de 8 900 m² à 12 460 m² et le nombre de logements de 96 à 105 (du studio au sept pièces), plus grands que ceux d’origine.

Article publié dans Le Moniteur du 14 janvier 2011

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