Promoteurs, gestionnaires et utilisateurs veulent mesurer leur empreinte biodiversité

Capables de mesurer leur empreinte carbone dans le cadre du contre-la-montre face au réchauffement climatique, seize entreprises d'horizons variés s'engagent à trouver d'ici l'été prochain des outils de mesure dédiés à la biodiversité dans un projet immobilier.

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Les représentants des membres fondateurs du Biodiversity Impulsion Group (BIG), le 17 novembre 2021 dans les locaux parisiens de Gecina.
Les représentants des membres fondateurs du Biodiversity Impulsion Group (BIG), le 17 novembre 2021 dans les locaux parisiens de Gecina.

« Nous sommes tous conscients que face au développement économique des territoires et à la densification croissante, notre activité impacte la biodiversité et que nous devons travailler à la préserver et à la restaurer. »

Sous l’impulsion de Gecina, seize entreprises du secteur immobilier français (promoteurs, gestionnaires…) et grands utilisateurs de bâtiments tertiaires ont signé, ce mercredi 17 novembre au siège parisien de l’investisseur immobilier, un manifeste pour la préservation de la biodiversité.

Ce moment solennel a été l’occasion de lancer le programme de recherche nommé « BIG » pour Biodiversity Impulsion Group.

Coordonné par l’Observatoire de l’immobilier durable (OID), dont font partie Gecina et d’autres signataires, ce « projet collectif » fédère « des acteurs économiques responsables qui agissent au cœur des villes », commente Méka Brunel, directrice général de l’investisseur immobilier.

« Bâtiments producteurs de nature »

Donneurs d’ordre publics et privés, maîtres d’ouvrage ou encore investisseurs doivent « intégrer les enjeux de biodiversité dans la conception et la gestion des projets immobiliers » pour que demain soient construits des « bâtiments producteurs de nature et qui préservent les ressources », explique Sabine Desnault, directrice R&D, innovation et RSE de Gecina et présidente de l’OID.

N’est-ce pas reconnaître que les décideurs ne prennent pas assez en compte l’érosion de la biodiversité ? N’est-ce pas un aveu d’échec collectif ? « On ne peut parler d’échec que lorsqu’on a eu la connaissance d’aller dans la mauvaise direction et qu’on n’a rien fait », balaie Méka Brunel.

En témoigne la création de l’OID en 2012, soit cinq ans après le Grenelle de l’Environnement. L’association fondée par sept entreprises fédère aujourd’hui plus de 80 acteurs. Donc « pas de mea culpa », insiste la dirigeante, avant d’annoncer : « Aujourd’hui il y a une prise de conscience qui nous amène à l’étape 2 : l’action. »

Sans attendre le législateur, l’idée est de trouver des indicateurs qui vont au-delà de la surface végétalisée d’un programme neuf, résidentiel ou tertiaire. « Il faut s’inspirer des mesures d’empreinte carbone, qui permettent de se fixer des objectifs de neutralité, car aujourd’hui, nous ne sommes pas capables de mesurer l’impact sur la biodiversité. Cela veut dire partager, se comparer et éviter que ce soient d’autres qui définissent pour nous », souligne Sabine Desnault.

Les acteurs engagés devront aussi trouver des outils de mesure des « bénéfices » de la biodiversité à l’échelle d’un projet immobilier : santé des occupants, apport de fraîcheur en ville...

Référentiel commun entre concurrents

Annoncé au premier semestre 2022, ce référentiel commun sera le fruit de données partagées, parfois entre concurrents.Altarea et Nexity par exemple. « Après avoir tous développé des méthodes en interne pour travailler le sujet en s’appuyant sur des écologues notamment, il y a aujourd’hui une volonté de mettre en commun pour créer des consensus autour de la mesure de la biodiversité dans l’immobilier. Contrairement au bilan carbone, l’empreinte biodiversité n’est pas si évidente, car il n’y a pas de mesures conventionnelles arrêtées », observe Olivia Conil-Lacoste, directrice du développement durable chez Bouygues immobilier, dont la « calculette » dédiée à la biodiversité vise à augmenter la part de nature dans ses projets.

L’OID aura également pour mission de mettre en ligne des cartographies sur la base des données publiques. « Il s’agit de transformer des données scientifiques en données intelligibles pour les entreprises, pour embarquer les équipes », résume Loïs Moulas, directeur général de l’association.

Au nom de la « massification » souhaitée, à l’image du Booster du Réemploi, tous les résultats seront en accès libre. BIG sera piloté par deux comités. L’opérationnel regroupera, entre autres, bureaux d’études et collectivités. Le comité d’orientation sera composé par les membres fondateurs, des experts et des institutionnels.

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