A quelques pas du parc de Belleville, dans le 20e arrondissement de Paris, le Lycée privé Sainte-Louise est probablement l’un des bâtiments à structure bois les plus importants de la capitale.
Les architectes du projet, Grégoire Claudel et Sophie Van Vlaenderen de l’agence Rouge Basilic, ont retenu le bois massif contrecollé pour les murs et les planchers et ce, sur quatre étages. Un choix à la fois esthétique et technique : « Après de longues études de fondations en raison de la proximité du tunnel Sncf de Belleville (petite couronne), explique Grégoire Claudel, le parti constructif s’est imposé naturellement. Ainsi on profite du sous-sol avec la création d’un gymnase en béton, de trois cages d’escalier qui viennent contreventer l’ensemble, des étages en bois (KLH) et une charpente métallique pour alléger le bâtiment et en accélérer la construction ».
Au plan esthétique, le bois reste visible à l’intérieur « pour une ambiance naturelle », tandis qu’il est, à l’extérieur, peu présent. En effet, la construction, dotée d’un système d’isolation thermique par l’extérieur, mixte les matériaux en habillage de façade : bardage bois, panneaux stratifiés, enduit minéral et zinc à joints debout.
Radier poids
Les panneaux bois doublés d’une structure métal ont apporté des réponses à nombre de problématiques, à commencer par l’allègement des fondations qui sont néanmoins spécifiques en raison du tunnel : « Il y avait un risque de soulèvement de la voûte du tunnel », explique Claude Bielakoff, directeur des travaux chez Rabot Dutilleul, ce qui a imposé une surveillance permanente avec un géomètre expert. » Au final, le terrassement sur sept mètres de profondeur repose sur un radier poids d’un mètre d’épaisseur. « Une partie de l’ouvrage est réalisée sur pieux avec angle de force pour échapper à l’impact sur le tunnel ».
Portiques métalliques
Concrètement, la partie bois du bâtiment, sur quatre étages, repose sur le gymnase et le premier étage réalisés en béton. Pour répondre aux vœux du maître d’ouvrage et de l’architecte qui souhaitaient des plateaux librement aménageables à l’intérieur avec des cloisons mobiles, l’entreprise de charpente a d’abord mis en place une structure métallique : « Nous voulions éviter les refends bois qui auraient figé les locaux », explique Grégoire Claudel.
« Les portiques métalliques toute hauteur et à longue portée, explique Fabien Barcque, gérant de Barcque Charpentes, assurent la reprise de charge et le contreventement, tandis qu’ils libèrent l’espace en remplaçant les murs de refend ». Portiques qu’il aurait été plus difficile de réaliser en structure bois : « Les sections auraient été trop importantes, donc nous aurions été obligés de placer des murs de refend en panneaux bois ». Ensuite, c’est un jeu de construction, ou presque : « Nous avons beaucoup travaillé en amont avec le fournisseur KLH, qui a collaboré aux études, aux fiches de taille et à la livraison avec plan de chargement. »
Car c’est là l’une des autres problématiques du chantier : « Un milieu urbain dense, avec des difficultés d’accès et un voisinage très attentif ». Dans ces conditions, la solution bois massif n’est pas sans avantage : « Pour la partie bois et métal, nous avons en tout 18 semi-remorques, 15 pour le bois et 3 pour le métal. Rien à voir avec un immeuble construit en béton banché où le nombre de camions-toupie est très important. Sans parler de l’absence de déchets et de la rapidité d’exécution – deux semaines par étage, reprend Claude Bielakoff. « 5000 m2 en deux mois, ça a donné un coup de fouet au chantier », se souvient l’architecte.
Reste un « détail » important sur lequel insiste le directeur des travaux et l’architecte après le retour d’expérience : « Il faut que les concepteurs aient une bonne connaissance du matériau pour bien préparer le chantier. Ici, nous avons eu à régler la problématique acoustique quasiment en cours de chantier en apportant un complément par chape acoustique et doublages spécifiques. Il y a un aussi un travail à mener en amont sur les incorporations techniques », détaille Claude Bielakoff. Ce que confirme l’architecte Grégoire Claudel : « Avec ce mode constructif, il y a une attention particulière sur l’acoustique et la transmission des bruits latéralement. Il a fallu, par exemple, renforcer les faux-plafonds ».