Pourquoi avoir envoyé un courrier à Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale de l’habitat (USH), au sujet de la crise des matériaux et de la révision des prix ?
EGF.BTP est en désaccord avec l’USH sur la lecture faite de la fiche technique de la Direction des Affaires Juridiques (DAJ) de Bercy sur « les marchés publics confrontés à la flambée des prix et au risque de pénurie des matières premières ». Dans cette fiche, la DAJ confirme l’obligation de conclure des marchés à prix révisables par les SA HLMet les coopératives HLM alors que l’USH estime que certaines dispositions du Code de la commande publique ne sont pas applicables aux bailleurs sociaux (lire l’interview accordée au Moniteur). Ce n’est pas la vérité.
Le contexte inflationniste lié à la pandémie et à la crise en Ukraine pénalise les entreprises générales et leurs sous-traitants qui font parfois face au doublement des prix des matériaux. En complément de ce débat sur l’analyse juridique, un travail doit être réalisé pour permettre à la filière de travailler sereinement.
Comment permettre à la filière de « travailler sereinement » ?
Les entreprises sont prises en étau entre d’une part, la maîtrise d’ouvrage et de l’autre, leurs fournisseurs, qui répercutent de manière extrêmement rapide la hausse des prix et qui ne souffrent pas, si j’en crois leurs résultats, de la crise. Les entreprises générales et leurs sous-traitants ne peuvent pas être la seule variable d’ajustement des prix.
Sans outils efficaces, les entreprises auront donc tendance à surestimer le risque dans les contrats à venir. Un travail de transparence doit être réalisé pour construire un nouveau modèle, basé sur le bon sens. Car nous entrons dans une ère de grande inflation. Nous devons éviter de dessolvabiliser les acquéreurs de logements.
Avez-vous eu un retour d’Emmanuelle Cosse ?
Je n’ai pas personnellement rencontré Emmanuelle Cosse. Et je n’attends pas de retour de sa part. Car les contacts sont nombreux dans la filière, sur le terrain, dans les instances, et entre nos fédérations. Je souhaite que chacun respecte la loi.
Irez-vous jusqu’à mener une action devant le juge ?
Je n’aime pas le contentieux, c’est totalement contraire à l’esprit à avoir lorsque l’on est face à un problème de ce type. On aura tout faux si le juge est la seule solution trouvée pour sortir de la problématique existante. Etant liés les uns aux autres, nous serions tous perdants. Les entreprises ont besoin d’une maîtrise d’ouvrage qui lance des programmes avec une notion de risque acceptable… mais qui est bien obligée d’écouter les problèmes de ses sous-traitants.