RECONVERSION Valoriser les traces d’une industrie passée

Les collectivités locales s’attachent, aujourd’hui, à valoriser le patrimoine industriel dans leurs projets d’aménagement. En l’absence de programmes bien définis, ces friches nécessitent des stratégies qui accompagnent les mutations dans la durée.

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Les friches industrielles ont longtemps été perçues par les villes comme de simples gisements fonciers, avant d’être reconnues pour leurs qualités patrimoniales. Il fallait faire table rase du passé, tourner la page d’une histoire souvent douloureuse pour les habitants. Aujourd’hui, les collectivités revoient leur stratégie, conscientes que cette attitude radicale finit par banaliser leur territoire. La remarquable reconversion des friches industrielles dans le bassin de la Ruhr, en Allemagne, réalisée dans la décennie 90, est devenue une référence.

La mutation de ces sites suppose cependant de mettre en place des méthodes de projet bien spécifiques. Ces territoires couvrent, en effet, plusieurs hectares et les programmes sont encore loin d’être définis. De fait, le travail des aménageurs ne consiste pas à finaliser des plans masse qui figeraient l’évolution de ces sites, mais à installer des processus qui accompagnent leur mutation dans la durée et permettent d’accueillir les futurs programmes.

Inventaires précis. « La question n’est pas tant de connaître la finalité des bâtiments, mais de rendre possible leur conservation et leur renouvellement », résume l’architecte Bernard Reichen.

Ces processus prennent pour point de départ le patrimoine existant. Des inventaires précis permettent d’en repérer les qualités (urbaines, architecturales, topographiques…). « Ces paysages sont forts par leur échelle, leur architecture, parfois aussi parce qu’ils offrent une visibilité en entrée de ville ou le long d’infrastructures », observe François Duval, directeur général adjoint de Saint-Etienne métropole. A partir de ces inventaires, les éléments à conserver sont identifiés : cheminée ou chaufferie, sols – pavés, parquets de bois –, vue, relief… Ce travail prend parfois une dimension archéologique, faisant découvrir par surprise des éléments qui avaient été noyés au fil des restructurations. Ainsi, dans les Côtes-d’Armor, le chantier de démolition conduit sur une ancienne papeterie a permis de remettre à jour des murs en pierre massive, qui avaient été absorbés derrière les parpaings, ainsi qu’une partie du process industriel. Des pièces aujourd’hui réintégrées dans un équipement en plein air, dédié à des manifestations culturelles et artistiques.

Cet inventaire peut être réalisé à l’échelle d’un territoire. Dans les vallées du Gier et de l’Ondaine, il prend aujourd’hui la forme d’un atlas « actif. » « Cet atlas vise à développer des stratégies d’ensemble au-delà de chaque site, et à redonner du sens et de la visibilité à un patrimoine, dans le cadre d’un aménagement plus vaste », explique l’architecte allemand Finn Geipel, chargé de cette mission avec le laboratoire d’architecture de l’université de Berlin.

L’enjeu consiste à transformer rapidement l’image de ces sites en affectant ce patrimoine à d’autres usages. « La halle industrielle est un bâtiment générique ; tous les usages sont possibles si on ne contrarie pas la structure d’origine », estime Bernard Reichen. Sur le site Giat, à Saint-Chamond, 50 hectares en plein centre-ville, le schéma directeur confié à l’agence allemande Latz Partner prévoit ainsi d’installer des programmes temporaires de type exposition ou spectacles. Ils agiront comme le signal de la reconversion du site en quartier de ville contemporain. D’autres aménagements suivront, mais dans des temporalités plus longues, en fonction des futurs projets des promoteurs. Cette notion de temps est prise en compte d’une manière singulière sur les friches du site de l’Union, à Roubaix, Tourcoing et Wattrelos.

Accompagner la mutationdes friches. L’équipe de concepteurs propose de réinstaller les friches dans un cycle économique, en recyclant les matériaux des anciennes usines. En fonction de leur nature et de leur dégradation, les sols, par exemple, trouvent une réutilisation temporaire ou pérenne. Toutes ces démarches relèvent d’une même volonté : repérer les valeurs positives de ce patrimoine pour accompagner au mieux la mutation de ces espaces stratégiques.

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