« Le Gouvernement confond accélération et précipitation » pour la Capeb, tandis que la FFB déplore « un pas avant, deux pas en arrière ».
C'est donc sans enthousiasme que les deux organisations professionnelles du bâtiment ont accueilli les annonces de la semaine dernière sur la réforme de MaPrimeRénov'.
La Capeb déplore la fin un soutien geste par geste pour les passoires thermiques, et demande l'instauration d'un parcours de travaux de 3 à 5 ans, avec des aides bonifiées à mesure que les travaux se succèdent. Par ailleurs, concernant le pilier Efficacité, la Capeb « appelle le Gouvernement à inclure dans sa réforme une diversité de modes de chauffage, en mettant l’accent sur l’innovation et à ne pas privilégier systématiquement le changement du système de chauffage au détriment de l’isolation. »
« Pourquoi casser ce qui marche ? »
La FFB, quant à elle, s'interroge sur le soutien à la rénovation globale. « Pourquoi casser ce qui marche ? Pourquoi exclure des aides un ménage qui souhaite simplement isoler ses parois ? Pourquoi exiger qu’il installe un équipement renouvelable (même s’il a déjà changé sa chaudière récemment) ou le forcer à effectuer une rénovation globale avec le recours obligatoire à un accompagnateur ? », souligne la FFB, rappelant que le nombre d'opérateurs agréés MonAccompagnateurRénov' risque d'être largement insuffisant au 1er janvier 2024. Selon nos informations, seules 400 candidatures ont été déposées pour devenir MonAccompagnateurRénov', toutes n'étant pas nécessairement recevables. Un chiffre trop bas, qui pousserait le Gouvernement à envisager l'habilitation des diagnostiqueurs immobiliers.
Limiter les monogestes
De son côté, l’entreprise de l'économie sociale et solidaire à but d’intérêt général Dorémi est plus optimiste. « Nous sommes contents que cette réforme donne de l’importance à la rénovation performante, analyse Léana Msika, chargée de projet chez Dorémi. Puis il faut souligner la simplification qu’apporte la gestion des CEE par l’Anah concernant ce type de rénovation : cela permettra d’éviter les fraudes, de réduire la complexité du montage des dossiers et donc des délais de paiement des artisans. »
Globalement, le président de Dorémi, Vincent Legrand, est satisfait : « Il faut saluer les déclarations du Gouvernement pour aller vers plus de performance et limiter le saupoudrage des aides et les monogestes de travaux, qui sont sous-efficaces. »
Malgré tout, Dorémi déplore encore certains manques dans un communiqué, comme « les conditions de mise en œuvre des financements », qui ne sont pas encore connues, mais aussi les risques de fraude, avec des diagnostiqueurs qui pourraient faire passer une logement F ou G en E pour obtenir les subventions PAC.