Dans le parc François-Mitterrand qui borde la préfecture du Val-d'Oise, à Cergy-Pontoise, un restaurant universitaire nourrit les étudiants des établissements alentour depuis 1991. Or ces dernières années, ils ont comme perdu l'appétit de s'y rendre. Le Crous de Versailles, gestionnaire du lieu, a donc chargé l'agence d'architecture Graal de trouver les ingrédients qui leur donneraient le goût d'y retourner. « Le bâtiment conçu par Claude Costantini et Michel Regembal présentait de réelles qualités ; la question était : comment mieux les utiliser ? » explique l'architecte Nadine Lebeau, cofondatrice de Graal en 2012 avec Carlo Grispello.
Les concepteurs originels avaient opté pour un édifice semi-enterré. La pelouse du parc butait alors contre la façade sur 60 m de long. Leurs successeurs ont remodelé le terrain en pente douce et remplacé les allèges opaques par des baies et des portes vitrées toute hauteur. Les utilisateurs peuvent ainsi savourer pleinement la vue sur le parc et y accéder directement. Désobstruer la façade a aussi permis de redécouvrir sa structure, constituée de panneaux préfabriqués en béton désactivé, et sa trame régulière de 6,30 m.

Système constructif idéal. Cette trame se poursuit à l'intérieur par un système constructif poteaux-poutres, idéal pour reconfigurer les 2 000 m² à disposition des maîtres d'œuvre. « Avant les travaux, l'espace était oppressant, écrasant », décrit Nadine Lebeau. Une fois les faux plafonds enlevés, la hauteur a grimpé de 2,70 m à 3,40 m. Les utilisateurs ont désormais au-dessus de leurs têtes une nappe de dalles acoustiques et de tubes lumineux pour assurer leur confort.
Côté surface, la cuisine et le restaurant universitaire occupent chacun une moitié. « Nous avons partitionné l'espace de restauration en trois séquences pour proposer différentes manières de déjeuner », indique la conceptrice. Depuis la réouverture de l'établissement en novembre dernier, les étudiants peuvent s'installer au choix : près des cuisines, sous des alcôves en métal déployé dont les parois camouflent les gaines de ventilation et de désenfumage ; au milieu du plateau ; ou le long des fenêtres autour de tables hautes ou basses.
Surprise du chef sur le toit. L'offre de restauration ne s'arrête pas là… Un petit bistrot de quelques tables se case dans l'angle du bâtiment et une cafétéria de 250 m² se pose sur le toit. Surprise du chef ! « Notre intention était de construire une extension autonome pour mettre en valeur l'existant et dialoguer avec le parc », souligne Carlo Grispello. Auparavant, la toiture était en partie recouverte par 35 cm de terre engazonnée. « Nous avons fait un calcul statique pour savoir ce qu'il serait possible de réaliser si on enlevait cette masse », précise-t-il.
Résultat : 536 kg/m² maximum. Afin d'être la plus légère possible, la nouvelle super structure est en bois. Elle mesure 20 x 11 m et se compose de quatre voiles en CLT reposant parfaitement sur l'ossature d'origine en béton.
Les locaux techniques de la cafétéria, côté sud, s'habillent d'une tôle ondulée réfléchissante, tandis que l'espace d'accueil, côté nord, s'enveloppe d'un mur-rideau. Celui-ci reprend les mêmes montants en acier galvanisé que ceux utilisés en façade du restaurant universitaire. Réhabilitation et extension forment ainsi un ensemble cohérent.
Le choix de la couleur verte pour le mur-rideau fait référence à la végétation tout proche, mais aussi un peu plus loin au centre culturel et administratif André-Malraux édifié en 1979 sur les plans de Claude Vasconi et Georges Pencreac'h. « Quand on construit un bâtiment se pose toujours la question du rapport au territoire », affirme Carlo Grispello. A l'aide de la couleur, l'agence Graal achève ici sa quête de rendre le restaurant universitaire plus visible et, donc, plus attractif.