Philippe Laurent évacue rapidement la question des priorités affichées par l’Etat dans le plan de relance : « Nous n’avons pas grand-chose à en dire », lâche le secrétaire général de l’Association des maires de France. La conscience des enjeux de la transition écologique relève de l’évidence, pour le porte-parole du bloc local.
Fossé fiscal
Le coin fiscal soulevé par l’association révèle en revanche un fossé béant : « Après la suppression annoncée du prélèvement sur la valeur ajoutée des entreprises, l’annonce d’une compensation ne nous inspire aucune confiance ». Le secrétaire général des maires de France voit poindre une nouvelle diminution de l’autonomie fiscale du bloc local.
Dans le climat d’incertitude entretenu par la suppression complète de la taxe d’habitation programmée en 2021, la perspective d’une nouvelle diminution de la taxe sur le foncier bâti constitue un défi à la logique selon Philippe Laurent. Ces évolutions fiscales créent une ambiance : « Avec ces pertes non compensées, la confiance n’y est pas ».
Régression de la décentralisation
Pire : faute de moyens d’investissements supplémentaires et de concertation en amont, les communes se trouvent réduites à un rôle d’exécutant. Cette analyse place le plan de relance comme une étape d’un processus de recul de la décentralisation : « Voici quarante ans, la dotation globale de fonctionnement avait renforcé l’autonomie des communes. A l’inverse, le compartimentage des dotations, dans le cadre de la relance, marque une régression : l’Etat nous dit que si nous avons d’autres priorités, il ne nous aidera pas ».
Voiries prioritaires
A ce discours, les maires de France opposent le leur, issu d’une appréciation positive du bilan de la décentralisation : « On n’est pas plus bêtes que vous ». Selon Philippe Laurent, une concertation en amont aurait abouti à identifier des leviers de relance plus immédiats dans les TP que dans le bâtiment : « On a les entreprises qu’il faut pour rénover les voiries et les espaces publics. Il n’en va pas de même pour la rénovation thermique des bâtiments, comme le montre la prolifération des aigrefins de la rénovation à 1 euro. Ce problème s’ajoute aux inerties des copropriétés .»