En ville aussi, la nature a horreur du vide ! Développé par la métropole de Rennes (Ille-et-Vilaine), le dispositif innovant appelé « Sans foncier fixe » décline le principe de l'occupation transitoire à l'échelle de l'habitat. Cette mesure phare du nouveau programme local de l'habitat (PLH) 2023-2028 propose une offre complémentaire de logements à vocation sociale temporaire.
A la croisée de la tiny house et de la construction modulaire, les premiers HLM déplaçables viennent d'être livrés à Rennes sur un délaissé urbain du quartier Villebois-Mareuil. En attente d'aménagements pérennes, la parcelle viabilisée sera occupée durant trois ans minimum par ces habitations destinées à des ménages de petite taille, en situation de précarité et ayant fait une demande de logement dans le parc social : une personne seule, un couple ou une personne seule avec enfant.
Fixés sur une dalle béton, les logements sont de plain-pied avec deux typologies : T1 (studio de 20 m2 ) ou T2 (30 m2 avec une pièce de vie et une chambre). Une terrasse et un cabanon prolongent l'espace de vie, augmentant la surface. Ils sont livrés meublés, équipés d'une petite cuisine, d'un coin repas, d'une salle de bains, d'un espace de couchage et de rangements. En 2023, ce sont 22 logements qui seront accueillis et répartis sur six sites à Rennes, Bruz, Saint-Jacques et Chevaigné. Les travaux ont démarré en février et se dérouleront progressivement jusqu'à ce mois de juillet, date d'arrivée des premiers occupants. Coût de l'opération : 2,5 M€ HT, entièrement financé par la métropole.
« En 2023, plus de 26 000 personnes sont en attente d'un logement social, contre 16 000 en 2016, soit une hausse de 62 %. Parmi elles, 3 000 sont en demande urgente de relogement », rappelle Nathalie Appéré, maire (PS) de Rennes et présidente de la métropole. Volontariste, l'élue reste déterminée à résoudre l'épineuse équation : loger toutes et tous, optimiser le foncier tout en décarbonant la construction. Ce nouveau parc social sera confié à l'Agence immobilière à vocation sociale (AIVS) de Rennes qui répond aux demandes urgentes de relogement et gère déjà 730 habitations dans ce contexte de tension.
Structurer une filière sur le territoire. L'autre volet innovant de ce projet transversal vise à structurer une filière de construction modulaire sur le territoire métropolitain. Ainsi les modules en ossature bois ont été conçus et construits par deux entreprises locales : Mayers, sur le pôle industriel d'excellence d'habitat durable de La Janais, à Chartres-de-Bretagne ; et le groupe Legendre, sur son site de Bourgbarré. « Pour l'heure, la construction hors site ne représente que 1 % du marché mais le contexte va amener ce mode constructif industrialisé à se développer », souligne Vincent Legendre, président du groupe du même nom. Les deux acteurs de la construction sont engagés par ailleurs dans des projets démonstrateurs de leurs savoir-faire : Mayers pour la résidence étudiante Constellation à Rennes et le groupe Legendre pour le projet du Village des athlètes de Paris 2024 sur L'Ile-Saint-Denis.