Ensembles imposants, érigés sous la maîtrise de l'architecte et urbaniste Louis Arretche à la fin des années 1960, les campus de l'université de Rennes (Ille-et-Vilaine) ont besoin d'une réhabilitation. Un plan ambitieux a été initié dès 2019 pour rénover l'intégralité de ces sites, soit 150 bâtiments (310 000 m²) en quinze ans pour 500 M€ afin, entre autres, de réduire de 75 % les consommations d'énergie. « Nous avons enclenché une première séquence de travaux en site occupé sur 16 bâtiments répartis sur les trois campus rennais. Ces 70 000 m² constituent notre pilote de rénovation », indique Béatrice Bouchet, vice-présidente en charge du patrimoine et de la transition énergétique et écologique de l'université.
Le campus de Villejean est le premier à avoir fait peau neuve. Le marché subséquent de 18,9 M€ portait sur un ensemble de sept bâtiments qui a été livré en janvier 2025. Les travaux se poursuivent avec la réhabilitation du site de Beaulieu et d'un édifice historique sur celui de Jean-Macé jusqu'au début de l'année 2027.
La maîtrise d'œuvre a suivi l'exemple de la construction existante, soit une structure en béton armé habillée grâce des éléments préfabriqués mis en œuvre de façon répétitive. Concrètement, trois principes d'isolation thermique ont été déclinés : une, lourde, par l'extérieur (ITE), parée de béton fibré à ultra-hautes performances (BFUP) ; une plus légère, aussi par l'extérieur, avec pose d'un parement métallique ; enfin, une par l'intérieur pour certains bâtiments spécifiques. « Cette méthode basée sur la réplication d'un module fonctionne grâce à la rationalité de la composition architecturale de l'ensemble », note Mathieu Chazelle, associé de l'agence Enia Architectes, en charge de l'opération, aux côtés de Bouygues Bâtiment Grand Ouest. Etant donné l'échelle, tout a été modélisé en BIM au préalable.
Brise-soleil horizontaux et verticaux
A Villejean, 75 % des façades en R + 5 ont été revêtues d'une ITE lourde. Les coques longues de 3,50 m, sous avis de chantier, ont été fabriquées hors site, puis apportées à la grue sur l'existant. Elles se composent de menuiseries bois aluminium, d'un isolant en laine minérale et d'une feuille de BFUP de 60 mm d'épaisseur pliée pour former des reliefs. Elles sont en outre dotées de brise- soleil horizontaux au sud, et verticaux à l'est et à l'ouest. « Ce choix permet de conserver la minéralité et la modénature caractéristiques de l'architecture de Louis Arretche, tout en améliorant les performances thermiques », observe Salomé Shakiba-Le Coz, cheffe de projet chez Enia Architectes. Des nichoirs ont été encastrés au niveau des acrotères, pour accueillir martinets, chiroptères et moineaux domestiques.
Sur le site de Beaulieu, les compagnons installent une ITE légère composite revêtue de tôle d'aluminium sur une ossature rapportée non porteuse. « Pour minimiser les délais d'intervention en façade, nous préparons nos menuiseries extérieures sur notre base logistique avant d'amener les éléments à pied d'œuvre. Là, nous réalisons les travaux par tranches successives. Lorsque nous remplaçons les éléments vitrés, tandis que nous installons les parements sur la première trame, nous posons les ossatures de bardage et l'isolation sur la suivante », explique Ugo Le Maout, responsable travaux pour l'agence de Rennes chez Bouygues Bâtiment Grand Ouest. Quatre semaines de cycles à la nacelle sont nécessaires par trame de 24 à 30 fenêtres sur deux niveaux.
Pour permettre à la maîtrise d'œuvre d'optimiser encore son projet, et à l'université de suivre l'évolution coût/performance de l'opération en facilitant sa prise de décision pour les 134 bâtiments suivants, Enia Architectes via sa structure de recherche interne EniaLab a développé un logiciel spécifique en collaboration avec le laboratoire Citeres de l'université de Tours (Indre-et-Loire). Affaire à suivre !


Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : Université de Rennes.
Maîtrise d'œuvre : Enia Architectes, Inddigo (BET performance énergétique), Oteis (fluides), C & E (façades), Yves Hernot (acousticien), Inaxe (amiante), cabinet Collin (économiste).
Entreprises principales : Bouygues Bâtiment Grand Ouest (mandataire du groupement de conception-réalisation), Fehr (fabrication du parement en BFUP), Bâti Récup' (récupération et valorisation des matériaux).
Bureau de contrôle : BTP Consultants.
Coût total des trois opérations : 43,9 M€ HT.