Réseau de chaleur : drone et caméra thermique traquent les fuites

Grâce aux données issues de la thermographie infrarouge, les anomalies sur les réseaux enterrés sont détectées avec précision et à moindres frais.

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Sur l'écran du pilote de drone, les éventuelles déperditions de chaleur se font jour grâce à la différence de températures entre le réseau de chaleur (130 °C), en orange vif au milieu, et l'air extérieur.

En cette soirée d'hiver, dans les rues d'Orléans (Loiret), il fait un froid glacial. Dehors, les passants sont rares. Mais si on prête l'oreille, on peut repérer dans les airs un drone qui survole discrètement le centre-ville, suivi au sol par son pilote aux couleurs de la SODC, filiale d'Engie Solutions qui exploite les 27 km du réseau de chaleur nord de la métropole.

« Nous réalisons une opération de contrôle du réseau de chaleur, explique la directrice de l'entreprise, Cécile Salaün. Pour ce faire, nous utilisons une technologie de thermographie infrarouge par drone qui nous permet d'identifier avec précision les déperditions de chaleur. » Ce jour-là, les conditions météo sont idéales. Le sol est sec, et le contraste est fort entre la température du réseau, à 130 °C, et l'air extérieur, à 2 ou 3 °C. Résultat, son tracé se dessine parfaitement en orange vif sur l'écran du pilote qui suit l'appareil à vue, une obligation en milieu urbain.

Les images sont générées par une caméra thermique installée sous le drone, un Mavic 3T de 920 g qui vole à une quarantaine de mètres de haut, « à la manière d'un scan qui viendrait radiographier le réseau », détaille le pilote, Aimane Benhaddou. L'appareil, doté d'une bonne dose d'intelligence, renferme un GPS RTK afin de localiser les images au centimètre près, et peut combiner de multiples sources d'information. Dans son logiciel, développé par Engie Solutions, il intègre non seulement le tracé exact du réseau, grâce au système d'information géographique (SIG), mais aussi d'autres éléments comme le diamètre ou l'âge des tubes, la profondeur des conduites, la position des chambres de vanne, etc.

Ces informations sont essentielles pour pouvoir interpréter correctement les images. Si tout va bien, le réseau s'affiche de façon linéaire. Dans le cas contraire, les taches qui apparaissent à l'écran matérialisent une déperdition de chaleur qui laisse supposer une fuite. Une suspicion qu'il reste à confirmer car une voiture qui vient de se garer peut, par exemple, être à l'origine d'une tache chaude.

Recoupage des informations. « Il faut toujours faire preuve de prudence face à ce que nous observons. Ce n'est qu'en croisant toutes les informations que nous pouvons décrypter les images avec précision », souligne Vincent Cordier, responsable de département chez SODC. Selon lui, « c'est bien dans le recoupage que réside la principale force de cette technologie par rapport à d'autres systèmes de thermographie classiques qui n'intègrent pas ces données. » L'analyse s'effectue en deux temps, d'abord en direct avec l'exploitant, puis en récupérant les données de l'appareil et en les traitant via des outils spécifiques. Le rapport qui en découle oriente ensuite la conduite des réparations, si besoin.

Comparée aux techniques classiques de détection des fuites comme les injections d'hélium ou la recherche acoustique, cette méthode « permet d'optimiser la maintenance et d'améliorer la performance globale des réseaux », précise-t-on chez Engie Solutions.

Opérationnelle depuis un an, cette solution est de plus en plus utilisée, car plus rapide - on peut cartographier un réseau de taille moyenne en quelques heures -, plus précise, moins invasive et au bout du compte moins chère, ce qui devrait amener le groupe à développer le service.

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