Revêtements Les matériaux de finition s’impliquent dans la qualité de l’air intérieur

Les produits de revêtement sont les composants du bâtiment qui ont le plus fort impact sur la qualité de l’air des locaux. Ils peuvent la dégrader s’ils dégagent des polluants ou l’améliorer en neutralisant les pollutions contenues dans l’air.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
PHOTO - 141472.HR.jpg

La première journée « Habitat et santé », qui a réuni le 2 octobre médecins et professionnels du bâtiment, l’a confirmé : les polluants dans l’air intérieur sont nombreux. Des études menées par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) ont permis d’identifier plusieurs sources de pollution dans un bâtiment : elles sont d’origine biologique (acariens, allergènes, moisissures…) ou chimique, avec notamment les composés organiques volatils (COV) qui se volatilisent à température ambiante. A partir d‘un certain seuil d’exposition, ils peuvent avoir un impact sur la santé des occupants, avec l’apparition de symptômes allergiques, d’infections ou d’asthme. Si ces polluants sont liés aux activités et à la présence humaine, ils sont aussi émis par les matériaux de construction et les produits de finition. On les trouve, par exemple, dans certains revêtements de sol, dans les peintures, les vernis, les colles et la plupart des bois collés…

Définir des critères de qualité pour l’air intérieur

Même s’il paraît difficile de construire en utilisant des produits totalement dépourvus de polluants, il est possible de sélectionner des matériaux faiblement émissifs en COV.

Certains revêtements de sol sont une source potentielle reconnue de pollution (voir l’avis d’expert de Suzanne Déoux). Dans l’idéal, il serait donc nécessaire de connaître les émissions de COV pour chaque produit ou matériau choisi. Mais dans la réalité, s’informer préventivement de l’impact sanitaire d’un revêtement relève du parcours du combattant… Aucun étiquetage harmonisé ne permet encore d’évaluer leur niveau d’émission chimique et ce, bien que le Plan national santé environnement (PNSE) mis en place en 2004 pour établir un diagnostic de l’état des risques sanitaires liés à l’environnement le recommande. Dans le cadre de ce PNSE, pour faire face à l’enjeu sanitaire que représente la qualité de l’air intérieur, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) a élaboré un protocole d’évaluation des produits de construction (panneaux de cloisons, plafonds, revêtements de sol et murs) sur la base de leurs émissions de COV et a établi des valeurs guides pour minimiser les risques sur la santé. Définir des critères de qualité pour l’air intérieur apparaît comme la première étape indispensable à une réglementation claire mais ne facilite pas pour autant le choix d’un revêtement. Le centre scientifique et technique du bâtiment, par le biais du comité environnement et santé de l’avis technique, a donc mis au point une analyse multicritères des caractéristiques environnementales et sanitaires d’un produit dont les résultats peuvent être intégrés dans la procédure d’avis technique. A ce jour, seuls quelques rares fabricants se sont lancés dans cette démarche, parmi lesquels Boulenger et Bostik, qui proposent des revêtements de sol coulés sans joint à base de résine polyuréthane et de granulés de caoutchouc (Haltopex et Terrazoflex H pour le premier, Novaflex pour le second). Des produits qui sont notamment classés faiblement émissifs de COV et inertes vis-à-vis de la croissance fongique et bactérienne.

Certains revêtements de sol et de murs pouvant favoriser le développement de bactéries et de germes, ces caractéristiques répondent à une demande légitime des professionnels de la santé qui font de l’hygiène une priorité pour des lieux aussi exigeants que les salles blanches, les laboratoires, les hôpitaux… où les infections nosocomiales provoquent chaque année de trop nombreux décès.

Choisir des matériaux peu polluants

On trouve sur le marché des peintures antifongiques, voire dépolluantes, des plaques pour plafonds améliorant la qualité de l’air intérieur, des sols ou faux plafonds à l’efficacité antibactérienne (voir page suivante) : des produits à utiliser à condition que des procès-verbaux d’essais prouvent leur efficacité. Concernant les émissions de COV, des labels environnementaux comme le label allemand Blauer Engel (Ange Bleu) ou l’international Natureplus sont des gages de qualité. Le label Ange Bleu, par exemple, garantit des émissions de COV inférieures à 360 µg/m3, vingt-huit jours après la pose d’un revêtement de sol, alors que les protocoles français Afsset ou allemand AgBB fixent la limite à 1 000 µg/m3 à vingt-huit jours. Malheureusement, le nombre de produits labellisés reste marginal : un sol en caoutchouc (gamme Nora du fabricant Nora Systems) certifié Ange Bleu ; un sol en linoléum (Marmoleum de Forbo-Sarlino) et pas plus d’une dizaine de produits en bois massif labellisés Natureplus.

D’autres labels sont spécifiques à certains types de revêtements ou produits : Oeko Tex standard 100 pour les sols textiles, Gut pour les moquettes, Emicode (EC1) pour les colles, NF Environnement et l’écolabel européen, attribués par Afnor Certification, pour les peintures et vernis. « Bien qu’étant des initiatives intéressantes, ces deux derniers labels ne prennent en compte que la teneur en COV présente dans la composition des produits sans considérer les émissions de COV dans l’air », précise Marie-France Corre, consultante en consommation et marketing, responsable développement durable, évaluation de produits. « D’ailleurs, à partir de 2010, pour certains types de peintures, notamment à l’eau, l’écolabel européen, qui fixe cette teneur à 30 g/l, sera dépassé par la réglementation. A cette date, la directive 2004, relative à la réduction des émissions de COV dues à l’utilisation de certains solvants organiques pour peintures et vernis entrera en application et elle impose la même valeur… »

Travaux de peinture sous haute protection

Dans le domaine de la peinture, très peu de produits sont aujourd’hui considérés, en France, comme faiblement émissifs, contrairement à l’Amérique du Nord où ils sont plus courants.

Des tests en chambres d’émissions, menés par des organisations de consommateurs, montrent qu’à l’exception des peintures dites « naturelles » à base de silicates, même les peintures à l’eau, sèches au toucher en trente minutes et sans odeur, émettent des COV pendant plusieurs semaines après leur application, deux semaines maximum pour quelques rares peintures. Ce qui sous-entend qu’il ne faut pas occuper les locaux durant toute la période d’émission ; il faut assurer une ventilation maximale et travailler autant que possible dans une pièce vide, de façon à éviter que les polluants ne soient absorbés par les moquettes, les tissus… puis réémis dans l’air.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 141472.HR.jpg PHOTO - 141472.HR.jpg
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires