Risque incendie : le choix des matériaux autorisés en façade se restreint

Après l’incendie de la tour Grenfell de Londres, la réglementation incendie française devait évoluer pour éviter un drame similaire. Les deux arrêtés publiés au Journal officiel le 11 août 2019 favorisent donc les matériaux incombustibles.

 

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Pour les immeubles neufs de troisième famille, les matériaux mis en oeuvre devront au préalable avoir fait leur preuve lors d'un essai LEPIR 2.

« Les deux arrêtés publiés au Journal officiel le 11 août 2019 en lien avec la sécurité incendie des immeubles de 4e famille constituent des changements majeurs dans la réglementation », estime Jean-Charles du Bellay, chef de département à la Direction technique de la Fédération française du bâtiment (FFB). En effet, les ministères de l’Intérieur et de la Transition écologique pallient ainsi un vide réglementaire pour la rénovation des immeubles de moyenne hauteur (IMH), ceux dont le dernier plancher haut est compris entre 28 et 50 m. Cette démarche a été initiée à la suite du dramatique incendie de la tour Grenfell à Londres en juin 2017.

Rénovation de façades : seuls les matériaux incombustibles sont autorisés

Premier point, l’arrêté du 7 août 2019 relatif aux travaux de modification des immeubles de moyenne hauteur précise les solutions constructives acceptables pour les rénovations de façade. Principal changement introduit par le texte, seuls les matériaux incombustibles sont autorisés désormais. « Le texte va au-delà des préconisations du rapport du CSTB qui autorisait l’usage de matériaux ininflammables, soit des produits qui se consument sans dégager de flamme », détaille l’expert de la FFB.

« Cette évolution sécuritaire importante convient à la FFB, poursuit-il. Nous nous interrogeons toutefois sur le développement de la filière bois, puisque cette disposition empêche désormais de mettre en œuvre ce matériau au-delà de 28 m ». Une disposition qui va compliquer sérieusement les rénovations des immeubles de montagne, puisque de nombreuses stations de ski comportent des édifices de 10 à 14 étages, entièrement en bois. « Les bardages en bois ne seront plus autorisés à partir du 10e étage. Ce sera également le cas des plastiques alvéolaires », pointe-t-il.

Restriction sur les matériaux utilisables en 4e famille

Afin d’empêcher que le drame de Londres ne se reproduise, le texte définit le système de façade. Une définition qui rappelle le périmètre concerné, soit entre le nu extérieur de la façade et le nu intérieur. Les seuls matériaux autorisés désormais seront donc le béton, la terre cuite, l’ardoise, le fibro-ciment, l’acier et l’aluminium.

« Les bardages en ardoises se posent traditionnellement sur des montants en bois, or cette précision implique de n’utiliser que des profilés métallique en aluminium ou en acier inoxydable ». Le coût au m² s’en trouve plus que doublé, puisqu’il passe, selon Jean-Charles du Bellay de 95 à 250 euros HT a minima. 

Deuxième arrêté : protection contre l’incendie des bâtiments d’habitation

Le deuxième arrêté, également daté du 7 août et publié le 11 août, concerne lui la construction neuve. Il est relatif à la protection contre l’incendie des bâtiments d’habitation et modifie les dispositions de l’arrêté du 31 janvier 1986. La section 4, sur les façades, comporte les principales modifications. Ainsi, pour les première et deuxième familles, « les parements extérieurs doivent être classés au moins D-s3, d0, ou en bois ». « Cette classification autorise également le polystyrène graphité qui retarde les flammes pendant une dizaine de minutes », note Jean-Charles du Bellay.

Pour la troisième famille, soit les immeubles compris entre R+3 et R+9, la réglementation prévoit deux solutions. Dans la première, l’ensemble du système doit être classé A2-s3, d0, c’est-à-dire être incombustible. « Certaines essences de bois de type résineux  couramment utilisées en construction comportent des terpènes qui ne répondront pas au critère d0 (non gouttant) ce qui leur interdit tous les collectifs », estime Jean-Charles du Bellay. La deuxième solution autorise des systèmes dont « l’efficacité globale est démontrée par une appréciation en laboratoire ». Le texte fait ici référence aux essais LEPIR 2 (Local expérimental pour incendie réel à deux niveaux), dont la réalisation est coûteuse. Enfin, pour les immeubles de 4e famille, c'est-à-dire les IMH, seuls les matériaux incombustibles seront autorisés à partir du 1er janvier 2020.

Si ces nouvelles dispositions ont l'avantage de mettre un terme à la période trouble qui a suivi l'incendie de Grenfell, les conséquences risquent d'être importantes sur la construction. L'isolation thermique par l'extérieur risque de prendre du plomb dans l'aile du profit de l'isolation par l'intérieur. 

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