Vous avez créé, en 2005, un BET structure spécialisé dans la construction d'équipements et bâtiments en béton fibré à ultra hautes performances (BFUP). Quelles sont vos principales réalisations et sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Par ses performances structurelles et sa durabilité, le BFUP nous a permis d'aborder de nombreux domaines du bâtiment et du génie civil. Nous avons travaillé sur le clos-couvert de nombreux bâtiments, sur des ouvrages d'art ou encore sur des façades architectoniques et thermiques. Nos dernières réalisations vont du parvis de l'hôtel Miramar à Cannes, à la passerelle du pont du Diable dans l'Hérault, en passant par la maison-galerie Navarra au Muy (Var), les corniches d'un pont ferroviaire à Champigny, ou des nénuphars flottants sur un bassin au Blanc-Mesnil. Parmi les principaux projets en cours, nous pouvons citer la couverture du stade Jean-Bouin, à Paris, le siège d'Iter à Cadarache, le Mucem à Marseille, la tour Ava à la Défense ou encore le centre d'océanologie à Banyuls.
En quoi le BFUP est-il plus performant que d'autres matériaux ?
Le BFUP permet de réaliser des opérations techniquement complexes en éliminant de nombreuses contraintes pour le maître d'ouvrage, le maître d'œuvre et les entreprises chargées de la préfabrication et de la pose. Sa principale caractéristique est de présenter un empilement parfait des granulats - jusqu'au nanomètre - ce qui permet au matériau d'atteindre des performances mécaniques en compression-traction de 3 à 8 fois supérieures à celles d'un béton classique. Les rendements structurels du BFUP sont par conséquent très élevés, permettant notamment de réduire les sections porteuses d'un ouvrage. Il garantit, en outre, une étanchéité parfaite à l'eau et à l'air grâce à sa porosité connectée nulle.
Enfin, le BFUP - qui autorise de nombreuses applications architectoniques - permet au maître d'ouvrage d'optimiser son compte d'exploitation, le matériau étant livré préfabriqué sur le chantier et ne nécessitant aucun entretien après la pose. Le coût global de l'ouvrage est réduit.
Qu'attendez-vous des évolutions futures du BFUP ?
Nous n'en sommes qu'à l'aube des utilisations possibles de ce béton . Ses performances le destineront à de nombreux domaines, aujourd'hui couverts par les bétons traditionnels, l'acier ou l'aluminium. Les ouvrages industriels maritimes et sous-marins, par exemple, seront forcément intéressés par ce matériau dont l'étanchéité et la durabilité sont optimales. De même, par sa capacité à réduire les consommations d'énergie primaire, sa production locale, sa non-participation à l'épuisement des ressources naturelles le BFUP sera de plus en plus utilisé dans des opérations de construction durable. D'autant qu'y seront bientôt incorporés des isolants thermique et acoustique.
Quelles sont les limites actuelles du BFUP ?
Il s'agit d'un produit nouveau, d'un matériau intelligent qui se conçoit et se calcule au gramme près. Sa principale limite se situe, pour l'instant, dans la quantité réduite de spécialistes. Mais les majors du BTP et certains architectes sont en train de rendre le BFUP incontournable. Aujourd'hui, le béton fibré est surtout utilisé en décoration et en mobilier. Il sera, demain, le produit phare du bâtiment et du génie civil !
Paru dans Le Moniteur n° 5551 du 16/04/2010