Le long de la rivière Le Gier, s'est développé à partir de 1820 un site industriel métallurgique, réputé pour la production de blindages de cuirassés, de canons ou de locomotives. Pour faciliter son extension, la rivière a été enterrée à la fin du xixe siècle et les déchets issus des forges et des ateliers ont été stockés dans une prairie voisine, devenue une plate-forme haute de quinze mètres. Giat Industries, qui fabriquait des véhicules blindés, a fini par occuper plus de la moitié du site avant de se retirer au début des années 2000.
Désigné comme « stratégique » par Saint-Etienne Métropole en 2006, le site fait l'objet d'études de reconversion complète conduites par l'établissement public foncier de l'ouest Rhône-Alpes (Epora) avec le cabinet d'urbanisme allemand Latz Partner. Mais, en 2008, la nouvelle municipalité de Saint-Chamond décide de réorienter le projet avec la volonté de maintenir sur place des activités industrielles et retient l'urbaniste Bernard Paris pour concevoir un plan directeur. Le parti choisi est de regrouper petit à petit la dizaine d'entreprises encore en activité - aujourd'hui dispersées - pour former un « écosite » industriel. « On voudrait développer les synergies dans les services aux entreprises, l'énergie ou la gestion des déchets », précise Bernard Paris. La plateforme haute, ancienne piste d'essais des véhicules blindés, pourrait accueillir une autre zone d'activités à dimension environnementale.
Le patrimoine industriel existant sera valorisé. La grande majorité des halles sera conservée et 10 000 à 15 000 m2 de toitures, orientées au sud, pourront être couvertes de panneaux photovoltaïques. La halle dite « 01 » abritera dès cette année la Maison du projet.
Cette halle sera l'un des éléments du nouveau quartier durable qui comprendra environ 200 logements, des commerces, des services et des équipements. « On veut se démarquer d'une offre traditionnelle et promouvoir des produits innovants à très basse consommation énergétique, tout en restant dans la réalité du marché local », explique Pascal Prémilieu, responsable du service aménagement opérationnel de Saint-Etienne Métropole. Deux autres quartiers sont envisagés. L'un sera à dominante tertiaire et desservi par une nouvelle voirie. Le second aura vocation à accueillir logements et équipements à un horizon plus lointain (dix à quinze ans) après la relocalisation des entreprises sur le futur écosite industriel. Des pistes cyclables, des liaisons transversales réservées aux modes doux et un parc de cinq hectares seront réalisés.
L'équipe de paysagistes In Situ a particulièrement travaillé sur les eaux pluviales, qui seront notamment récupérées des toitures puis dirigées vers des bassins épurés par des plantes. « Nous avons fait le choix de ne pas essayer de remettre au jour Le Gier - qui est désormais fortement encaissé - mais d'installer une roue à aube qui remontera une partie de ses eaux en surface pour rappeler sa présence sur le site », précise Bernard Paris.
Pour préciser encore ce projet, un workshop (atelier) a été organisé en mars dernier, réunissant promoteurs, aménageurs, consultants et urbanistes, auxquels seront associées les trois équipes lauréates du concours Europan sur ce site en 2007. Un second atelier participatif a eu lieu fin mai, ouvert aux habitants. Ces rencontres devraient permettre d'affiner les principes d'un projet qui sera mis en œuvre à partir de 2011.





