Que de chemin parcouru en six ans. Les résultats du sondage réalisé par Ipsos pour « Le Moniteur » sur l’utilisation d’Internet dans le BTP marquent de grands changements par rapport au sondage similaire effectué en 2000. On constate que l’ensemble de la filière utilise aujourd’hui Internet à plus de 80 %, alors qu’en 2000 les chiffres étaient sensiblement plus bas : 77 % des maîtres d’ouvrage étaient équipés, mais ce taux tombait à 55 % dans les entreprises, 50 % chez les maîtres d’œuvre et 17 % dans les entreprises de négoce. Idem pour la fréquentation quotidienne : 70 % des acteurs BTP se connectent chaque jour en 2006 contre 50 % en 2000.
« L’usage de l’Internet s’est banalisé dans le secteur du bâtiment, au point que tout le monde y a recours à un moment ou un autre », remarque Olivier Celnik, architecte et consultant.
C’est un fait, le web fait dorénavant partie de notre quotidien professionnel. Il est un formidable outil de recherche d’informations. Mais a-t-il pour autant changé les pratiques dans l’acte de construire, les relations entre les différents intervenants. Olivier Celnik en doute : « Nombreux sont encore les professionnels réticents à s’en servir à fond, souvent, par peur de ne pas maîtriser la technique. C’est très net pour tout ce qui concerne l’envoi de plans et l’échange de fichiers : les architectes traditionnels préfèrent s’en tenir au mail et au fax plutôt que d’avoir recours à des solutions de gestion de projet en ligne. Cela relève du blocage psychologique, voire d’un certain snobisme. En revanche, les jeunes générations sont plus ouvertes. » Jean-Michel Dossier, notre expert choisi pour commenter ce sondage, le confirme : « Le mail demeure en effet le principal vecteur d’échanges de données. L’introduction des nouvelles technologies (maquettes 3D…) n’a pas encore bouleversé les modes d’intervention des acteurs du BTP. ». Le BTP reste traditionnel et fidèle à ses habitudes. La grande majorité des entreprises et des maîtres d’œuvre hésitent encore à répondre à un appel d’offres de façon dématérialisée. Mais dans le même temps, 76 % des entrepreneurs avouent effectuer leurs déclarations sociales en ligne… C’est un signe. Progressivement, Internet s’impose comme un outil incontournable ; progressivement, les réticences vont tomber et nous ne travaillerons plus demain de la même façon.