En désignant le 5 juillet la ville russe de Sotchi pour accueillir les JO d'hiver en 2014, le Comité international olympique a-t-il choisi le développement économique au détriment du durable ? Il a en tout cas fait le bonheur des promoteurs et des groupes de BTP. Station balnéaire située sur cette portion de la mer Noire surnommée la "Riviera russe", Sotchi est plus connu pour son climat sub-tropical que pour ses équipements de sports d'hiver. Si les compétitions "en intérieur" se dérouleront dans un parc olympique à 25 km de la ville, celles "en extérieur" auront lieu dans les montagnes du Caucase, à Krasnaya Polyana, petite station distante de 50 km. Résultat : 7 des 11 sites olympiques restent à construire, sans compter la mise en place de 200 km de voies nouvelles et d'une ligne de chemin de fer. L’aéroport devra, lui, tripler de capacité. Poutine qui, comme Staline avant lui, passe ses vacances à Sotchi, a promis 8,8 milliards d'euros pour ces grands travaux, auxquels ne manqueront pas de s'ajouter de vastes programmes hôteliers et immobiliers. On le voit, ces jeux seront plus rentables pour certains acteurs économiques que s'ils s'étaient déroulés à Salzbourg (Autriche) ou Pyeongchang (Corée du Sud), mieux équipés en infrastructures.
Reste à savoir s'ils seront durables. La main sur le cœur, les représentants de Sotchi promettent que les "principes de conception durable dans la construction seront appliqués". Pris par le temps, les autorités ne risquent-elles toutefois pas de revoir à la baisse leurs exigences en matière de "construction verte" ? Plus grave : une grande partie des sites sera réalisée à l'intérieur d'un parc naturel protégé. Et selon Greenpeace, une partie des constructions autorisées ne sont en rien indispensables à la tenue des JO, citant notamment un parcours de golf, qui n'est pas discipline olympique… même en été.
Hugues Boulet