Structure : du collectif en bois au prix du béton… ou presque !

Avec des quantités de matériaux optimisées et un travail rigoureux sur les risques incendie et d'humidité, les coûts de ces logements angevins sont maîtrisés.

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Les quatre immeubles utilisent du béton pour leur socle et les circulations verticales, tout le reste est en bois.

Le programme « Accords boisés » à Angers (Maine-et-Loire) constitue l'un des tests menés actuellement par Vinci Immobilier pour construire en bois. « Nous voulons réaliser un ensemble exemplaire, qui offre du confort, utilise des matériaux biosourcés et soit équilibré financièrement malgré l'abondante réglementation relative aux logements utilisant ce matériau », indique Eric Boscherie, directeur régional Bretagne, Pays de la Loire, Centre du promoteur. Les 70 logements sont ici répartis en quatre bâtiments en R + 3 à R + 5.

Du T2 au T4, ils disposent de surfaces plus généreuses que d'ordinaire (66 m² pour un T3 contre environ 62 m2 en général chez Vinci Immobilier). Ils sont tous dotés de balcons de 6 à 13 m² et bénéficient d'une double exposition à la lumière naturelle.

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De l'ossature aux attiques, en passant par les fenêtres, les façades et les balcons, tout sera en bois. Le matériau représentera 950 m3 au total, quand le béton sera cantonné à ses meilleurs usages : au rez-de-chaussée, pour le parking et dans les cages d'ascenseur et d'escaliers. Résultat, le prix au m² s'élèvera à 2 350 euros, contre 2 000 euros au maximum avec du béton. Une maîtrise obtenue grâce à un prix du foncier réduit et à une utilisation poussée du BIM en conception. « Les plans ont été vus et revus », souligne Tristan Desclos Le Peley, directeur du programme chez Vinci Immobilier. La quantité de bois est ainsi minimale grâce à une architecture des plus simples : une structure en poteaux/poutres, des contreventements pour la stabilité et des planchers épais de 50 cm (contre 18 cm avec le béton) afin de faire passer les fluides. Spécialiste du BIM, systématique pour préfabriquer des composants en bois, le constructeur Les Charpentiers de l'Atlantique (LCA) a vite été associé au travail du bureau d'études. « Nous avons optimisé la méthodologie du chantier et présenté huit devis pour réussir à baisser les coûts », précise Edouard Bonnin, codirigeant de LCA.

Structure bois
Structure bois Structure bois

Déflecteurs métalliques. Au-delà du budget, le processus numérique a permis de régler deux autres questions cruciales : l'acoustique et la sécurité incendie. « Etre efficace structurellement avec le moins de matière possible entraîne des effets pervers sur ces deux points. Le traitement de l'acoustique dépasse forcément les seuls planchers et implique de s'interroger sur la vibration des poteaux. Et pour assurer la sécurité incendie, nous avons choisi d'encapsuler les poteaux et les murs périphériques au moyen de plaques de plâtre », résume Johanne Guichard, architecte de l'agence Johanne San. Le risque de propagation du feu en façade a été maîtrisé grâce à la pose de déflecteurs métalliques et à des bardages ignifugés ou plus épais, en fonction des zones. Des plaques métalliques entre les balcons complètent l'ensemble.

La responsabilité de l'humidité du bois a été transférée à LCA, en charge du macrolot clos et couvert. Plus coûteuse pour le maître d'ouvrage, cette option est plus sécurisante car elle s'appuie sur des spécialistes du sujet. Ici, LCA a systématiquement recouvert les planchers, tout juste mis en œuvre, d'une membrane temporaire pour les protéger de l'eau. L'entreprise a également créé des évacuations provisoires d'humidité à l'aide de tuyaux installés sous les fenêtres. Enfin, LCA a engagé un cabinet spécialisé dans l'hygrométrie du bois, qui effectue des mesures régulières pendant les travaux. « Nous contrôlons non seulement le travail de l'étancheur, mais plus largement le comportement du matériau, en particulier en cas d'intempéries. Nous recueillons ainsi des données scientifiques pour progresser dans notre spécialité », explique Edouard Bonnin. En dépit d'un début d'année pluvieux, la livraison des bâtiments n'a pris que deux mois de retard. Elle interviendra donc en février 2025 au lieu de décembre 2024.

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Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : Vinci Immobilier.

Maîtrise d'œuvre : Johanne San (architecte mandataire). BET : ESTB (béton), ECSB (bois), Kypseli (fluides et thermique).

Entreprises : LCA (construction bois), Pilet-groupe Papin (béton). Surface : 4 427 m².

Calendrier de chantier : avril 2023 à février 2025.

Certifications : NF Habitat et niveau E3 C2 du label E+ C-.

Budget : 10 M€ HT.

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