Quatre mois après sa mise en service, le Moyen d'exploitation de la route du littoral informatisé (Merlin) fait apparaître des résultats prometteurs sur la célèbre route qui relie Saint-Denis à La Possession, dans l'île de La Réunion (jusqu'à 48 000 véhicules/jour). « Un seul accident s'est produit pendant la saison cyclonique, et aucun décès n'a été à déplorer », se félicite Michel Le Bloas, directeur départemental de l'Equipement, qui rappelle que « La Réunion va passer de 700 000 à un million d'habitants dans les 20 ans qui viennent, sur un territoire déjà très encombré. La gestion du trafic est donc une question fondamentale ».
En attendant une hypothétique mise en tunnel, la route du littoral a été équipée d'un système permettant de faire face aux intempéries, qui obligent à neutraliser deux voies, environ soixante jours par an. Sur décision du directeur des routes en 1996, le projet « 2 + 1 » a été lancé : un investissement de 233 millions de francs, totalement pris en charge par la région Réunion.
Deux contraintes
Coincée entre une falaise verticale de 200 m de haut et la mer, cette deux fois deux voies a été gagnée sur l'océan en 1976, au moyen d'un remblai qui ne peut pas être élargi, en raison des fortes houles. Les pluies tropicales (le record : 272mm en 24 heures !) sont par ailleurs à l'origine d'éboulements qui menacent les automobilistes.
Le nouveau système se déclenche selon des données précisées par arrêté préfectoral : s'il tombe plus de 15 mm de pluie en 24 heures dans les pluviomètres, la chaussée « bascule » pendant au moins 72 heures. Les deux voies côté montagne sont alors fermées à la circulation, et tous les véhicules empruntent côté mer les deux autres voies ainsi que la bande d'arrêt d'urgence (d'où l'appellation « 2 + 1 »).
Et en fonction des heures de la journée, les sens de circulation sur les deux voies et sur la voie unique sont modifiés, à l'aide de séparateurs mobiles en béton, et de panneaux à messages variables. « Résultat : les bouchons ont disparu dans le sens des deux voies, et le trafic a augmenté de 26 % en mode basculé », annonce Philippe Gouvary, responsable de la gestion de la route.
Les coûts d'exploitation et d'entretien atteignent 4,7 millions de francs par an. « A ce jour, nous avons investi 120 millions de francs par kilomètre », calcule Michel Le Bloas. « Pas de quoi en faire la route la plus chère du monde, comme certains le prétendent ! » Selon le rapport de la Cour des comptes de 1997 en effet, l'A14 aurait coûté 287 millions de francs par kilomètre. La SAPN, concessionnaire de cette autoroute, avait alors rétorqué que l'A86 Ouest coûtait, elle, 500 millions de francs par kilomètre !
FICHE TECHNIQUE
Maître d'ouvrage : Etat et région Réunion
Maître d'oeuvre : DDE 97, service des Ports et bases aériennes
Entreprises : Spie Trindel, Spie Réunion, GTOI (Colas) ; TSS (Eurovia) ; Isis (Egis) ; SES et Siat (Colas).
PHOTO : Un nouveau système a permis de passer de 3 morts et 13 blessés à aucun mort et 1,4 blessé, pendant les soixante jours du basculement.