Travaux routiers : un percement sur mesure pour un tunnel plus sûr

De la pelle mécanique au brise-roche en passant par les explosifs, toute une palette de techniques a été mise en œuvre.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Long de 525 m, le tunnel d'en Raxat ne répondait plus aux normes de sécurité mises en place après la catastrophe du Mont-Blanc.

A première vue, rien n'a changé pour les 12 000 conducteurs - 18 000 en été - qui empruntent chaque jour le tunnel d'en Raxat, entre Collioure et Port-Vendres (Pyrénées-Orientales), sur la RD 914. Et pourtant : à proximité, un chantier complexe s'est discrètement déployé au cœur du massif schisteux. Construit en 1994, le tunnel de 525 m de long ne répondait plus aux normes de sécurité édictées après l'incendie du tunnel du Mont-Blanc survenu en 1999. « Pour s'y conformer, deux opérations principales ont été programmées : le creusement d'une galerie de secours de 260 m parallèle à l'ouvrage et connectée par un rameau de 18 m, puis l'installation d'équipements de sécurisation », résume Grégory Pérès, responsable CFO Transport Routier chez Bouygues Energies & Services, mandataire du groupement d'entreprises. La proximité de cet axe fréquenté, sans réel itinéraire de contournement, imposait de rendre le chantier aussi discret que possible : aucune intervention en été, l'essentiel des opérations menées de nuit, sans interruption de circulation, ni compromis sur la sécurité. Commencés en août 2024, la plus grande partie des travaux sont achevés. Ils ont imposé une organisation millimétrée et coordonnée.

80 tirs réalisés

Soletanche Bachy Tunnels (SBT) a mené le creusement en s'adaptant, au jour le jour, à la géologie rencontrée. « Nous avons commencé à la pelle mécanique, les premiers mètres de galerie étant trop fracturés. Après deux mois, l'usage de l'explosif est devenu nécessaire dès qu'une roche plus dure a été atteinte. Avec l'appui de nos experts pour affiner les plans de tir, les équipes du chantier ont alors progressé au rythme de 18,40 m/semaine. Les passages délicats, tels que failles, passages broyés et les derniers mètres avant le percement, ont été réalisés au brise-roche hydraulique ou à la fraise », détaille Vincent Dumoulin, responsable exploitation chez SBT. Sur les 80 tirs réalisés, chacun encadré par des capteurs de vibration, aucun incident n'a été signalé. Certaines zones de roche très fracturée ont nécessité des renforcements plus lourds que le complexe béton projeté et boulons radiaux initialement prévus : « Dans les zones fracturées, les tirs étaient allégés ou remplacés par des techniques mécanisées, avec des volées plus courtes pour limiter les potentiels désordres et, si nécessaire, des protections renforcées comme du renfort de boulonnage, un béton projeté de plus forte épaisseur ou la pose de cintres lourds », complète-t-il.

Le petit gabarit de la galerie (2,30 m de largeur finie) a imposé des adaptations importantes pour garantir les délais. « La pose des boulons radiaux a nécessité de les fractionner et de les manchonner. Nous avons utilisé les équipements les plus performants compatibles avec la section de l'ouvrage, doublant les machines essentielles pour tenir les délais », explique Vincent Dumoulin. Résultat : la durée du creusement a été raccourcie de vingt et un jours.

L'intelligence artificielle en renfort

La phase d'équipement, en cours, vise à faire du tunnel d'en Raxat un modèle de sécurisation automatisée. L'ancien éclairage a laissé place à 90 leds, une solution 60 % plus sobre en énergie, pilotée par des capteurs via une gestion technique centralisée. « Elle ajuste l'intensité, évite l'éblouissement et contrôle aussi les panneaux à messages variables et les barrières », souligne Grégory Pérès.

Ces caméras, dotées d'intelligence artificielle, détectent automatiquement un incident et déclenchent la fermeture du tunnel en moins de dix secondes. L'été sera dédié à leur apprentissage en conditions réelles pour ajuster la détection. Dans des locaux techniques exigus, les équipes ont aussi dû jouer les équilibristes pour poser les équipements provisoires, nécessaires à la transition. Pour elles, le défi était de les remplacer en maintenant, chaque matin à 5 h, un niveau de sécurité irréprochable. Mission accomplie.

Image d'illustration de l'article
9701_546183_k3_k1_1302990.jpg 9701_546183_k3_k1_1302990.jpg
Image d'illustration de l'article
9701_546183_k4_k1_1302991.jpg 9701_546183_k4_k1_1302991.jpg
Image d'illustration de l'article
9701_546183_k5_k1_1302992.jpg 9701_546183_k5_k1_1302992.jpg
Image d'illustration de l'article
9701_546183_k6_k1_1302993.jpg 9701_546183_k6_k1_1302993.jpg
Image d'illustration de l'article
9701_546183_k7_k1_1302994.jpg 9701_546183_k7_k1_1302994.jpg

Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : conseil départemental des Pyrénées-Orientales.

Maîtrise d'œuvre : Lombardi (mandataire), BE2T et HGM Ingénierie.

Entreprises : Bouygues Energies & Services, mandataire (équipements de sécurité du tunnel, galerie de secours), Soletanche Bachy Tunnels (excavation du tunnel et du rameau), Pull Francis (réseaux secs et bassins de rétention).

Calendrier des travaux : d'août 2024 à février 2026.

Budget travaux : 9 M€ TTC.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires