Le collège interdisciplinaire et intergénérationnel du RLab (Seiqa), une plateforme d’échange de l’Association de recherche clinique en allergologie et asthomologie (Arcaa) vient de remettre trois trophées. Objectif : distinguer les personnalités ou les entreprises dont l’énergie et les investissements confirment l’engagement pour l’amélioration de la qualité de l’air.
Fondée en 2015, l’entreprise Teqoya a été récompensée pour son dispositif mis en place dans 1500 chambres du village olympique lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de l’été. « Ici, une entrée d’air à simple flux, sans filtre, qui s’appuie sur un phénomène électrostatique afin de dévier les particules fines entrantes. L’air y est ainsi traité à 90 % », détaille Pierre Guitton, fondateur de Tequoya, schémas à l’appui. Si la technologie est encore en phase de développement, comme le rappelle Toufik Khattara, doctorant qui travaille sur le dispositif auprès de Teqoya, elle a déjà fait ses preuves dans une crèche. Désormais, la priorité est donc de l’installer sur davantage de bâtiments.
Amélioration des symptômes de l’asthme
L’entreprise Velux a également été récompensée pour son travail sur l’automatisation de l’ouverture des fenêtres en fonction de paramètres analysant la qualité de l’air intérieur. « Nous travaillons également sur des projets expérimentaux », indique Olivier Devès, responsable bâtiments durables de la marque, avant de reprendre l’exemple de la « Maison air et lumière ». Construite en 2012 en Essonne, « elle tient compte de l’ensemble des critères pour une qualité de l’air intérieur optimale », explique Olivier Devès. Outre des matériaux de construction limitant les émissions de composés organiques volatiles, a été couplé un système de ventilation double flux avec un système d’ouverture automatique des fenêtres. Pendant un an, une famille avec deux enfants, dont un souffrant de crises chroniques d’asthme, a vécu dans les lieux. « Le monitoring pendant la phase d’occupation a montré que prendre en compte tous les paramètres améliore la qualité de l’air pendant plus de 90 % du temps et dans la quasi-totalité des pièces », expose Olivier Devès. Il ne manque pas non plus de relever que pendant cette année-là, l’enfant asthmatique n’a « a priori pas subi de crise d’asthme », bien qu’elles aient repris à l’issue de l’expérimentation.
« L’air, parent pauvre des lois sur l’environnement »
Enfin, l’ancienne ministre de l’Environnement, Corinne Lepage a aussi été récompensée pour son travail sur la loi Laure, portant sur « l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie », qu’elle a défendue jusqu’à son adoption par le Parlement, en 1996. Mais 28 ans plus tard, l’application de ce texte est toujours compliquée. Encore aujourd’hui, « beaucoup lois existent sur l’eau ou sur les déchets, mais pas sur l’air, qui est le parent pauvre des lois sur l’environnement », déplore l’ancienne Ministre.
Du Seiqa à « Air engagé »
Si le Seiqa s’arrête « pour des raisons budgétaires », une nouvelle association devrait lui succéder. Déjà baptisée « Air engagé », elle continuera à mettre en valeur les entreprises innovantes à l’avenir. Une mission importante pour le docteur Fabien Squinazi, futur ancien président du Seiqa pour qui « les entreprises ne sont pas assez prises en compte lorsqu’elles participent à l’amélioration de la qualité de vie » avant de dénoncer « des lois sur la qualité de l’air intérieur souvent détricotées par les décrets d’application ». La future association mettra donc les entreprises à l’honneur grâce à une démarche scientifique rigoureuse. « Air engagé » disposera, en effet, d’un comité scientifique pour évaluer les travaux des entreprises, car « les travaux des scientifiques donnent davantage de légitimité aux solutions technologiques des entreprises », insiste Fabien Squinazi.