Un vaisseau de béton s'arrime au port de Brest

Ouvrage maritime -

Constituée d'un ponton flottant et d'un fût d'amarrage, la seconde ligne d'accostage dédiée aux frégates sera livrée dans les temps.

 

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Le ponton flottant de 170 m de long comportera deux niveaux. Son assemblage se déroule dans le plus grand des bassins de l’arsenal.

La crise sanitaire n'aura pas eu raison du ponton d'accostage des frégates multimissions de la Marine nationale à Brest (Finistère). Conçu pour accueillir des navires militaires fortement armés de 140 m de long, l'ouvrage sera livré, comme prévu, début 2021 malgré un arrêt de quatre semaines.

C'est le 24 avril qu'a pu être enclenchée la reprise de ce chantier d'envergure, soigneusement préparée durant le confinement. « Pendant cette période, les entreprises ont poursuivi les études d'exécution pour la partie réseaux et organisé la réouverture en lien avec l'Apave, Artelia et le maître d'ouvrage, l'établissement du service d'infrastructure de la Défense (Esid) de Brest. Notre chance, c'est que l'essentiel du génie civil était déjà achevé début mars », explique Frederic Billows, représentant de la conduite d'opération de l'Esid de Brest.

Depuis le redémarrage, les opérations s'enchaînent. Ainsi, fin mai, les premiers essais - concluants - de flottaison du ponton ont été réalisés. Début juin, c'est le fût d'amarrage (ou musoir), un cylindre de béton armé de 14 m de diamètre et 23 m de haut, qui a pu être remorqué vers la rade. Un dernier élément qui sera rejoint début août par le ponton flottant et ses 3 250 m3 de béton associés à 900 t d'armature en acier.

Des dimensions exceptionnelles. Avec ses mensurations hors normes, le ponton semble défier la poussée d'Archimède : une masse de 10 000 tonnes, un volume de 13 000 m3 , 160 m de long, 17 m de large pour 8,4 m de hauteur et 3,40 m de tirant d'eau. Le bassin 4, pourtant l'un des plus grands de la base navale de Brest, parvient à peine à contenir le ponton, d'autant plus qu'il doit aussi accueillir son musoir et les trois grues.

La construction du ponton a débuté à l'automne 2019 avec le coulage du radier, avant l'élévation des voiles. Pour garantir la flottaison, la partie inférieure de son caisson se compose de 12 alvéoles étanches d'un volume total de 1 000 m3 environ : quatre dans le sens de la longueur et trois dans celui de la largeur. Directement soumis à la pression des coques des frégates militaires, ses voiles longitudinaux périphériques sont plus épais (35 cm) que les transversaux (30 cm) et affichent une densité d'acier de 200 kg/m3.

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Ferraillage renforcé et amortisseurs. Le pont inférieur a, lui, été refermé en décembre 2019 avec le coulage d'une dalle de 25 cm d'épaisseur. Cette réalisation s'est effectuée par quart sur la longueur de l'ouvrage. Près de 150 poteaux ont alors été coulés afin de répondre aux contraintes de charges du pont supérieur. Le ferraillage des dalles d'about avant et arrière a été renforcé à 350 kg/m3 , soit 50 kg/m3 de plus que les parties courantes. En ce point sensible, car très sollicité, deux amortisseurs peuvent reprendre 350 tonnes d'efforts transmis par les quatre chaînes d'amarrage reliées au quai à l'arrière et au musoir à l'avant.

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La fabrication du musoir a, quant à elle, débuté en septembre 2019 avec la réalisation de son ferraillage concentrique, suivie de son coulage sur 80 cm d'épaisseur. Ses voiles courbes ont été coulés en octobre 2019 à l'aide d'un coffrage glissant sur six jours en continu, au rythme de 20 cm par heure. Afin de réaliser la jonction, très critique, entre le radier et le voile circulaire de 40 cm d'épaisseur en zone courante, la partie basse du fût a été portée à 80 cm d'épaisseur sur 2 m de hauteur. Désormais installé sur son emplacement définitif, là où le sol porte à 15 m de profondeur, le musoir sera bientôt lesté de sédiments issus du dragage de la zone, additionnés d'un coulis de ciment. L'ouvrage pèsera près de 7 000 t, dont 1 300 de béton et 120 d'acier.

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