«L’espace rural nous intéresse parce que nous y avons grandi et vu les paysages changer », explique Julien Boidot (agence Boidot-Robin architectes). Pour remplacer la salle des fêtes vétuste de cette commune de moins de 400 habitants, sur une parcelle bordée de murs en pierre de Roussard, typiquement sarthoise, les concepteurs imaginent « un bâtiment domestique, comme une grosse maison, pas un équipement public clinquant ». Par sa transparence, la salle contribue à l’animation de la place du village en exposant ses activités. Dans un souci d’intégration, sa volumétrie et son revêtement font écho aux constructions agricoles voisines. Une option peu séduisante a priori, mais le bardage en tôle d’acier laqué, à l’assemblage impeccable, fait toute la différence. Son coloris capte les reflets du ciel de la même façon que les ardoises des toits alentour.
Matériaux bruts
Leur approche volontairement « non techniciste » de la construction durable et de la performance thermique a conduit Emilien Robin et Julien Boidot à élaborer une enveloppe climatique. La pièce principale de 100 m est enveloppée de béton qui apporte inertie et masse, avec une charpente bois lamellé-collé et des panneaux de contreplaqué de pin en guise de plafond. Autour, des locaux techniques et deux salles annexes, en murs à ossature bois, forment les limites extérieures du bâtiment dont le revêtement superficiel est en bardage métallique.
Inscrit au milieu des maisons, l’édifice se devait d’être isolé efficacement pour éviter de provoquer des nuisances sonores. Les architectes ont travaillé sur un système de sas et d’espaces-tampons, comme ces deux « salons » disposés de part et d’autre de la salle, ouvrant à l’avant sur la place et à l’arrière sur le jardin avec vue sur le bocage. Côté sud, en limite séparative, la toiture se soulève pour donner de l’ampleur au volume et attraper la lumière à travers une fenêtre placée en hauteur.
Pour aller au bout de leur volonté d’employer des matériaux bruts et économiques, Boidot et Robin minimisent le second œuvre. Ni revêtement collé, ni plaques de plâtre, mais de grands rangements très simples en sapin. Un léger flottement est apparu en phase chantier, lorsque les élus ont réalisé que le béton resterait brut et apparent à l’intérieur… Mais au final, les architectes les ont convaincus de ne pas peindre les murs ! Au sol, la dalle de béton polie a adopté un aspect granito.
Aujourd’hui, entre les anniversaires des jeunes, les cours de yoga des anciens ou les réunions du conseil municipal, les réservations frisent le surbooking !

