Matériels : une filière française de recyclage de chenilles se met en place

Projet initié par le bureau d’études Financière AD, l’usine Ecochenille sera mise en service début 2026. Ainsi, les chenilles des engins de chantier, pour l’heure enfouies ou envoyées à l’étranger, seront désormais revalorisées.

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Locarmor
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Ecochenille est la première filière française de recyclage de chenilles d’engins de construction. Les travaux de construction du hangar de 2 100 m², sur les 12 000 m² du site, commencent en ce début 2025, à Signes, dans le Var, et devraient durer un an. « Après un long et difficile bras de fer avec les banques, notre projet est enfin financé grâce aux soutiens de BPI France, du CIC, du Crédit-Coopératif et de la CEACZ, qui se sont regroupés en pool bancaire pour partager le risque et nous accompagner dans ce projet innovant », se félicite Djamel Athamnia, président d’Ecochenille et gérant de Financière AD, bureau d’études techniques à l’origine du projet. L’Ademe, dans le cadre de l’appel à projets Ormat (Objectif recyclage matières sur les matières premières de recyclage) soutient également cette initiative - d’un coût total de 7 millions d’euros – avec une subvention de 1,2 million d’euros.

Une filière soutenue par des loueurs...

Le loueur national Loxam et le régional Locarmor couvrant toute la Bretagne ont également pris une part importante à l’aventure en accompagnant Financière AD, dans la réalisation des études et la réponse à l’appel à projets. « Historiquement nos chenilles étaient enfouies comme l'étaient beaucoup de déchets industriels banals (DIB). Il y a une quinzaine d’années nous nous sommes tournés vers Aquablast au Royaume-Uni. Nous envoyions alors nos chenilles par camions pour leur recyclage. Puis il y a eu l'annonce du Brexit… », explique Matthieu Péron, responsable QSE chez Locarmor. Depuis, le loueur, à l’instar de nombreux autres, stocke ses chenilles avec l’espoir qu’une filière se concrétise en France. « Il y a environ 300 000 tonnes de chenilles usagées en France. Nous espérons en traiter au moins 15 %. Grâce au concours des loueurs, nous disposons déjà de 1 100 tonnes qui nous permettront de démarrer notre activité », précise Laury Mazoyer, ingénieur environnement chez Financière AD. « Les chenilles, composées à 80% de ferraille et 20% de caoutchouc seront démantelées. La ferraille repartira en fonderie et le caoutchouc broyé en poudre servira de combustible de substitution dans les cimenteries », ajoute Djamel Athamnia.

...et des élus

Une initiative qui concerne aussi le politique selon Mathieu Péron qui a pris attache auprès de Simon Uzenat, sénateur du Morbihan (Bretagne) en 2023. Ce dernier s’étonne qu’aucune filière n’ait encore vu le jour en France : « Aujourd’hui nous avons un atteint un  niveau de technicité qui permet le retraitement de ces matériaux et ce sont les acteurs privés qui sont en première ligne, notamment les loueurs. » Membre du groupe d’études d’« Economie circulaire », il soutient ce projet qui recouvre par ailleurs « un enjeu qui dépasse la problématique du recyclage car il y a aussi des enjeux globaux de relocalisation, les chenilles étant fabriquées en Asie ». Mathieu Péron souhaiterait par ailleurs « que les chenilles soient gérées comme le sont les pneumatiques, avec une écocontribution à l'achat, un circuit de collecte régional à destination d’Écochenille et une traçabilité sur trackdechet. »

Ecochenille permettra d’embaucher une dizaine de personnes. Le dirigeant espère doubler l’effectif dès la deuxième année. L’ambition est également d’ouvrir une deuxième usine dans le nord afin de limiter les transports, en attendant plusieurs points de collecte seront mis en place sur le territoire.

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