La norme NF EN 206-1 sur la fabrication des bétons, entrée en vigueur en juin 2004, est la transposition de la norme européenne EN 206-1, complétée par une annexe nationale définissant les spécificités françaises. L’annexe rédigée en 2004 vient d’être révisée. Publié par l’Afnor le 14 novembre 2012, ce document intitulé NF EN 206-1/CN a pris effet le 12 décembre.
Le syndicat des entrepreneurs de construction Paris Ile-de-France a organisé le 6 mars dernier avec le syndicat du béton prêt à l’emploi (SNBPE) une présentation de cette évolution majeure à destination des entreprises utilisatrices de béton. Une manifestation qui devrait être renouvelée dans les régions au cours de l’année 2013. Le SNBPE a également publié un fascicule de commentaires sur cette nouvelle annexe nationale, téléchargeable ici.
Le béton autoplaçant reconnu
Parmi les changements importants, à noter la prise en compte de la notion de béton autoplaçant (BAP), « un béton qui s’écoule et se compacte par seul effet gravitaire, capable de remplir le coffrage avec son ferraillage, ses gaines, réservations, etc., tout en conservant son homogénéité », rappelle Delphine Vrau, du SNBPE. Tous les BAP doivent désormais respecter les dispositions décrites dans la norme NF EN 206-1/CN ainsi que les règles complémentaires définies dans la norme de juin 2010 qui est maintenant la référence dans le complément national.
Utiliser avec prudence les granulats recyclés
Côté granulats, l’annexe nationale fait désormais référence aux granulats légers couverts par la norme . Mais surtout, elle permet l’utilisation des granulats recyclés. A part dans les bétons précontraints où leur usage n’est pas admis, les sables et gravillons issus de béton concassé peuvent désormais se substituer aux granulats classiques. L’approche française reste cependant prudente. S’appuyant sur les retours d’expériences des pays voisins pour assurer la durabilité des ouvrages construits, la commission de normalisation a défini différents pourcentages de substitution en fonction de la qualité des granulats, de la résistance du béton attendue et de ses conditions d’utilisation (exposition au gel, aux agressions chimiques…). La qualité de ces granulats fait l’objet de contrôles plus fréquents. A l’issue du projet national de recherche RecyBéton lancé en 2012 pour quatre ans, les taux de substitution pourraient être revus.
Précisions sur les additions
Les additions en tant que liant de substitution au ciment étaient jusqu’alors réservées aux ciments de type CEM I. Elles peuvent désormais être utilisées avec des ciments CEM II/A, déjà additionnés. Et aux cendres volantes, laitiers de haut-fourneau, fumées de silice et fillers calcaires ou siliceux s’ajoute le métakaolin, obtenu par calcination d’agile kaolinitique. La nouvelle norme NF EN 206-1 intègre, par ailleurs, les évolutions normatives de ces diverses additions.
Des classes d’exposition plus claires
Les classes d’exposition des bétons aux diverses agressions (sels de déverglaçage, attaques chimiques,…) sont aujourd’hui mieux définies. La norme reprend les définitions données dans l’, plus précises que celles de l’ancienne norme. « Ces clarifications devraient aider les prescripteurs à rédiger leurs cahiers des charges », espère Vincent Waller au SNBPE. Les tableaux de spécifications pour les BPE et les bétons préfabriqués en fonction de leur classe d’exposition ont été homogénéisés et sont ainsi d’une lecture plus simple.
Par ailleurs, la norme s’est assouplie quant à la formulation des bétons exposés à un gel modéré avec salage fréquent. Ces bétons XF2 ne doivent plus être obligatoirement formulés avec un entraîneur d’air. Ils peuvent s’en passer à condition d’un dosage en ciment plus important. Une solution saluée par les producteurs de BPE des régions françaises telles que les zones côtières où l’utilisation d’entraîneurs d’air était rare et non justifiée.
Bétons d’ingénierie : du sur mesure pour les grands chantiers
La commission de normalisation qui a élaboré cette annexe nationale a créé une nouvelle catégorie de bétons dont la composition est étudiée spécifiquement pour un projet et une période donnés par le prescripteur. « Ces bétons dits « d’ingénierie », qui dérogent aux critères prescriptifs de la norme, font l’objet de dispositions particulières en termes d’essai initial et de contrôle », annonce François Cussigh, membre de la Fédération nationale des travaux publics. Ils sont en effet formulés sur la base d’une étude préliminaire en laboratoire pour vérifier les performances et la robustesse de la composition du béton. Cette étude doit être acceptée par le client et le fabricant de béton. Deux types de formulations de béton d’ingénierie sont prévus par la norme : le premier avec un important taux de substitution de ciment par du laitier (jusqu’à 50 % au lieu de 30 % pour un CEM I), le second avec un mélange de deux ciments (dont un CEM I) du même fournisseur, par exemple un ciment gris et un ciment blanc ou un ciment à prise rapide et un autre à prise lente…
Information de l’utilisateur
Du côté du contrôle de production, les tolérances de dosage des constituants sont aujourd’hui plus détaillées. « L’information du producteur de béton à l’utilisateur est formalisée dans la norme qui reprend le protocole signé en octobre 2009 par le SNBPE et les syndicats d’entreprises (FFB, FNTP, EGF-BTP, UMGO) », se réjouit Wilfried Pillard, directeur technique de l’Union de la maçonnerie et du gros œuvre (UMGO). Le producteur doit notamment communiquer à son client le code du granulat et sa nature. Le bon de livraison doit préciser le type et la classe de résistance du ciment ainsi que la nature des éventuelles additions. Il doit indiquer s’il s’agit d’un béton d’ingénierie.