Quels sont les sujets qui mobilisent l’USG en cette rentrée ?
Un décret qui vient de paraître rend obligatoire la certification des foreurs d’eau, y compris pour la mise en place de piézomètres simplement destinés à mesurer le niveau de la nappe pendant une durée définie. Or c’est une obligation extrêmement lourde pour les petits acteurs. Plusieurs prescriptions techniques imposées dépassent le cadre de la norme actuelle et obligeront certains à changer de type de sondeuses, voire à réaliser des forages de diamètres plus importants. De plus, les piézomètres étaient jusqu’ici hors du champ d’application de la loi sur l’eau. Le ministère considère pourtant qu’elle est applicable et devrait bientôt en faire une obligation. Il va donc falloir constituer des dossiers loi sur l’eau qui nécessiteront ensuite deux à trois mois d’instruction de la part de l’administration alors qu’aujourd’hui, nos interventions sur chantier ont lieu deux ou trois semaines après la commande.
Les gros acteurs ont l’habitude de ce type de dossier mais les petits devront les sous-traiter à un bureau d’études environnement. Cela aura évidemment un impact sur les délais et le coût des services. A la demande du ministère, nous avons chiffré celui-ci aux alentours de 100 M€ annuels, ce qui est considérable pour notre profession. Les bureaux d’études n’ont pas les moyens d’absorber ce coût et ce seront donc les particuliers et les collectivités qui vont devoir le financer, tout cela pour un bénéfice qui n’a pas été démontré.
La géotechnique est très concernée par les sujets de retrait-gonflement des argiles…
Nous avons deux chevaux de bataille dans ce domaine : d’abord, cesser de construire encore aujourd’hui des ouvrages qui risquent d’être sinistrés dans les années qui viennent. C’est pourquoi nous nous opposons fermement à une partie de la loi Elan de 2020 qui permet au constructeur soit de réaliser une étude géotechnique spécifique, soit de se plier à des dispositions constructives forfaitaires. Or celles-ci s’avèrent insuffisantes dans un certain nombre de cas. Deux propositions de loi actuellement sur le bureau de l’Assemblée nationale disent clairement que la réalisation d’une étude géotechnique est la meilleure solution mais, étant donné le contexte parlementaire, nous n’avons pas la certitude que cette évolution aboutira.
Ensuite, dans le cas où le sinistre s’est déjà produit, l’expertise prévue dans le cadre du dispositif Cat-nat Sécheresse prévoit un rôle insuffisant pour les géotechniciens. Le retrait-gonflement des argiles (RGA) nécessite de déterminer la nature du sol à plusieurs mètres de profondeur, or les assureurs missionnent de plus en plus souvent des experts généralistes qui, parfois, ne se déplacent même pas. Réaliser une étude géotechnique nous semble un minimum.
Attendez-vous d’autres textes importants pour le secteur ?
La norme NF P94-500 sur les missions géotechniques est en cours de révision. Les travaux préalables à celle-ci ont été lancés en 2020 et n’ont toujours pas abouti cinq après. Les travaux sont gelés depuis un an et doivent reprendre cet automne. Or cette révision, qui définit notre quotidien, notre outil de travail, doit être publiée en 2026. Enfin, la détection de l’amiante contenu naturellement dans les roches en place avant travaux a été détaillée par une norme en 2021 mais nous attendons toujours le décret et l’arrêté qui vont l’imposer. Aujourd’hui la norme existe mais seuls quelques maîtres d’ouvrage l’appliquent, de façon volontaire.
Comment se porte le secteur en général ?
L’USG a lancé au deuxième trimestre son premier baromètre trimestriel sur la conjoncture de la profession, basé sur une enquête auprès de ses membres. La géotechnique est l’un des premiers indicateurs de la conjoncture du BTP puisque nos études précèdent les travaux. Il nous a semblé que cet indicateur de conjoncture pourrait être utile à d’autres professions.
Au deuxième trimestre cette année, l’activité était globalement en hausse mais lorsqu’ils envisagent le troisième trimestre, nos adhérents sont dans une posture prudente et attentiste. Il y a aussi de fortes disparités dans les réponses : nos adhérents spécialisés en maison individuelle ont perdu 50 % de leur activité en trois ans tandis que ceux qui sont actifs dans le domaine des travaux publics se maintiennent. Enfin, le recrutement reste difficile. L’USG s’implique fortement dans la formation, notamment des sondeurs. Nous avons créé une formation dédiée voici dix ans à Beaumont-de-Lomagne, dans le Tarn-et-Garonne, et une autre plus récemment à Montalieu-Vercieu, dans l’Isère. Mais les sondeurs formés ne suffisent pas à répondre aux besoins de la profession.