«Nous avons été poussés par une maîtrise d’ouvrage en quête d’audace réfléchie, se félicite Louis Téqui, architecte. Le maire de la commune d’Amilly, Gérard Dupaty, est féru d’art ! Il souhaitait une architecture de facture contemporaine, expressive, sans aucun pastiche. » La position de la salle des fêtes, le long d’une voie d’accès au centre-ville, lui octroie d’emblée un rôle de signal dans une bourgade qui en manque singulièrement. Pour que l’équipement public soit aisément reconnaissable, les architectes optent pour un vocabulaire formel qui tranche avec un contexte hétéroclite de pavillons et de petits immeubles.
Un polygone irrégulier
Après avoir étudié des formes plus complexes, ils s’orientent vers la géométrie d’un polygone irrégulier qui s’appuie sur les lignes de force du site et s’accorde à l’échelle réduite du programme. Dans leur recherche d’unité et de pérennité, ils fuient les effets trop visibles pour concevoir un bâtiment compact, clair, repérable. Rupture dans la masse : une inflexion de la façade sud accompagne le cheminement depuis le parking jusqu’à l’entrée et dégage un espace extérieur abrité par le porte-à-faux. Grâce à l’angle entièrement vitré du hall, le parvis pénètre à l’intérieur. Tout s’articule autour du contraste entre des façades fermées, opaques, minérales, et la transparence des trois baies.
En façade, c’est l’entreprise de maçonnerie qui a proposé à Louis Téqui d’utiliser la préfabrication pour obtenir une plus belle finition du béton matricé choisi par l’architecte. « Comme de la pierre érodée ou une métaphore du temps qui passe », les rides qui zèbrent ces façades leur apportent douceur et sensualité. Un traitement qui métamorphose l’image du matériau et se démarque des parpaings enduits alentour… Une lasure estompe les joints trop visibles, les teintes irrégulières, les imperfections et les épaufrures aux angles, tout en conférant une touche précieuse à un bâtiment plutôt brutaliste.
A l’intérieur, la simplicité est de mise, nécessaire pour la maintenance. La salle polyvalente (200 m) accueille des associations du troisième âge, des banquets et des mariages. Son volume étiré est baigné d’une lumière douce provenant des grandes ouvertures dont l’emplacement répond au cadrage de vues particulières : l’une sur un talweg, l’autre sur le jardin.


