Depuis 1999, la Ville de Lille applique une politique de gestion différenciée à ses espaces verts, qui comporte la réduction des produits phytosanitaires, la végétalisation des pieds d’arbres, l’emploi de souches ou de bois mort pour réintroduire de la biodiversité… Etendu en 2004 aux jardiniers en régie, ce mode de gestion a conduit à remplacer peu à peu la tonte par la fauche. Sur un patrimoine de 28 000 arbres, composé de nombreux sujets anciens, se pose aussi la question du renouvellement. Sur les cinq grands boulevards, une étude menée en 2001 évaluant l’état de santé et la dangerosité des arbres - au total 800 platanes plantés vers 1870 - a guidé cette stratégie. Le principe sera de conserver un alignement régulier de grands arbres, afin que ces boulevards restent un repère, sans s’interdire de varier les essences selon les axes. En attendant un renouvellement global lors de travaux de voirie, les sujets abattus ne sont pas remplacés, de façon à augmenter la distance entre les arbres (de 10 à 20 mètres).
Cette recherche d’équilibre entre l’histoire urbaine et d’autres enjeux se retrouve à la citadelle. L’étude végétale en lien avec le patrimoine Vauban (labellisé Unesco) pousse l’architecte Philippe Prost et la paysagiste Aline Le Coeur à s’appuyer sur des espèces anciennes et à souligner les alignements existants, dans une vision respectueuse de l’histoire. En parallèle, l’atelier Corajoud, chargé d’aménager le Champ de Mars, concilie d’autres exigences. « Il nous faut choisir une palette végétale qui intègre le confort d’usage, l’écologie, le sens de l’histoire, mais aussi le rythme de croissance des végétaux », précise Yannick Salliot, architecte et paysagiste. Le compromis pourrait se trouver avec deux lignes de végétaux : l’une grande, d’alignement, assurerait l’homogénéité à l’échelle de la citadelle, tandis que l’autre, plus diversifiée, avec des espèces liées à l’eau, à visée écologique, et aux feuillages agréables, serait à l’échelle du canal et des piétons.

