Ville et langage sont intimement liés. De Barthes à Wittgenstein, «la cité est un discours»… «Pôle», «intermodalité», «forêt urbaine», «communauté de communes», «ville apaisée», «mobilités douces», «réinvention», «habitat indigne», «affordance», «aménités», «renouvellement urbain», etc. Les mots, répétons-le, ne sont jamais neutres…
Qu’il s’agisse de politique publique, d’urbanisme participatif, de marketing territorial ou de labellisation de projets, de nombreuses pratiques professionnelles ramènent au pouvoir du langage et du discours, à l’assurance qu’ils apportent aux échanges aussi bien qu’au doute qu’ils peuvent installer. Pourtant, les questions liées au langage sont largement négligées par la recherche urbaine...
Cet ouvrage remédie à semblable oubli. Des architectes, des urbanistes, des sociologues, des historiens et des géographes se penchent ici sur cette foule de termes - volapük technocratique ou d’inspiration plus ancienne - qui irriguent et orientent la production et la pensée de la ville. Ils s’interrogent sur la façon dont les mots font évoluer les représentations urbaines à la faveur de storytellings parfois tortueux. Les auteurs soulèvent aussi la question des phénomènes émergents qui donnent naissance à des néologismes alambiqués attachés à dépeindre des situations inédites ou supposées telles.
Rédigé sous la direction d’Isabelle Chesneau, l’ouvrage est préfacé par Philippe Boudon. Il rassemble les contributions du collectif d’auteurs : Éric Chauvier, Laurent Devisme, Frédéric Moulène, Antoine Fleury, Soline Nivet, Géraldine Texier-Rideau, Belinda Redondo, Yankel Fijalkow, Bruno Maresca, Laurent Coudroy de Lille, Olivier Ratouis, Emmanuèle Cunningham-Sabot, Beatriz Fernández, Sarah Dubeaux, Leda Dimitriadi, Virginie Mathé et Corinne Jaquand.
«La ville, mot à mot», par Isabelle Chesneau (dir.), 15 × 23 cm, 224 p., 18 €. Editions Parenthèses.