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Mareterra, écoquartier situé entre mer et terre comme son nom l’indique, a ouvert au public le 5 décembre 2024 à Monaco, au lendemain de son inauguration. « Il est rare qu’un Etat puisse augmenter de 3% son territoire par la force des ingénieurs, des architectes et des ouvriers et non celle des armes », a déclaré le Prince Albert II.
Les agences Renzo Piano Building Workshop, Valode & Pistre et Michel Desvigne Paysagiste ont dessiné les six hectares de ce morceau de ville, empiétés sur la Méditerranée (lire notre reportage sur le sujet). Leur construction, réalisée par l’entreprise Bouygues Travaux Publics pour la maîtrise d’ouvrage SAM Anse du Portier, a coûté deux milliards d’euros.
Sous les balcons des 110 luxueux appartements et des 10 villas, tout un chacun peut se promener face au large ou bien grimper sur la colline arborée sous laquelle est tapie l’extension du Grimaldi Forum. Reportage illustré (ci-dessus) et commenté (ci-dessous) par les autorités locales et les concepteurs…
« Il est rare qu’un Etat puisse augmenter de 3% son territoire par la force des ingénieurs, des architectes et des ouvriers et non celle des armes. Ce gain de terre est également historique car il s’insère dans une continuité de visions que je partage avec mes prédécesseurs depuis mon trisaïeul Albert Ier qui a aménagé un premier terre-plein à Fontvieille au début du XXe siècle, jusqu’à mon père, le prince Régnier III, qui a permis d’exonder plus d’une vingtaine d’hectares et d’assurer à Monaco une longue phase de prospérité et de stabilité. La présente extension en mer incarne ma vision, qui j’espère est partagée par tous, celle d’une principauté qui maîtrise son destin avec sagesse et sait écouter l’environnement. L’architecte américain Frank Lloyd Wright disait, je le cite : "Dieu est le grand moteur mystérieux de ce que l’on appelle la nature, et il a souvent été dit par les philosophes que la nature est la volonté de Dieu. Je préfère dire que la nature est le seul corps de Dieu que nous ne verrons jamais. Si nous souhaitons connaître la vérité des choses, nous la trouverons dans la nature." »
— S.A.S. le Prince Albert II
« On peut considérer que la meilleure manière de protéger notre environnement, et notamment les océans, est de ne rien construire, ni sur leur fond, ni sur leur littoral. Le problème à Monaco, et ailleurs, est que la population augmente, et que ses activités et ses besoins aussi. Si notre objectif est de favoriser la cohabitation harmonieuse entre l’humanité et la mer, il nous faut donc inventer des solutions. Elles ne sont et seront jamais parfaites, il faut en être conscient, mais on peut essayer de trouver les moins mauvaises possibles. En tout cas, c’est ce que nous avons fait ici avec courage, audace et responsabilité. Nous pensons que les précautions que nous avons prises, notamment la structure des caissons en béton qui respecte les courant marins et favorise la biodiversité, peuvent être utiles au-delà de Monaco et, pourquoi pas, se généraliser. »
— Céline Caron-Dagioni, ministre de l’Equipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme
« J’ai eu la chance, étant enfant, de passer toutes mes vacances entre Monaco et Menton. Donc, j’avais une bonne connaissance de ces lieux où l’on se balade en suivant les courbes de niveaux. C’est ce que nous avons fait ici. D’abord, sous l’eau, en permettant au courant ligure de bien circuler le long des caissons. Puis, sur l’eau, en reproduisant une colline sous laquelle nous avons installé l’extension du Grimaldi Forum. Il fallait faire en sorte que toute cette extension, forcément artificielle, ait l’air d’être la plus naturelle possible. »
— Denis Valode, architecte, agence Valode & Pistre
« Avec notre bâtiment, nous avons pris la vue sur la Méditerranée, nous en sommes conscients. Mais grâce à son soulèvement de 4 mètres, il y a toujours cette connexion visuelle et physique avec la mer. C’est extrêmement important. Nous avons aussi fractionné l’édifice en deux pour créer une fente vers le ciel. Il a fallu batailler pour garder l’immeuble le plus transparent et perméable possible malgré sa grande taille. Le fait d’avoir glissé une esplanade publique sous ce bâtiment privé y participe. C’est assez particulier, voire unique. »
— Joost Moolhuijzen, architecte, agence Renzo Piano Building Workshop (RPBW)
« Ce qui est remarquable dans cette opération, c’est la générosité de l’espace public. D’ordinaire, en ville, sa surface représente 30%, dont 15% pour la voirie et 15% pour les parcs et jardins. Ici, dans ce nouveau quartier, c’est 50%, soit l’équivalent de 3 hectares. Cette surabondance d’espace public - qui s’étend sur 1,3 km jusqu’à la plage du Larvotto - est exceptionnelle, et exemplaire à l’heure de l’adaptation des villes au changement climatique. Pour nous, le grand enjeu d’un tel projet consistait à créer un sol fertile en quantité substantielle, environ 30000 m3. Les importantes masses de terre permettent, par leur inertie et par leur humidité, de résister à la chaleur et à la sécheresse, comme dans le milieu naturel. Nous avons aussi aménagé fontaine, bassin et cascade pour amener de la fraîcheur. Ça n’est pas un décor néo-provençal pittoresque, mais un paysage méditerranéen contemporain. »
— Michel Desvigne, paysagiste
