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Tour sur l’eau, baleine de plastique, pontons de baignade… Au détour des places et canaux, quinze installations font de l’œil aux visiteurs de Bruges, en Belgique, à l’occasion de la Triennale d’art et d’architecture qui s’y tient jusqu’au 16 septembre 2018. Originaire d’Amérique, d’Asie, d’Afrique et d’Europe, quinze architectes et artistes ont été sollicités par les deux commissaires Till-Holger Borchert et Michel Dewilde. Thème de cette édition : la ville liquide, concept développé par le sociologue d’origine polonaise Zygmunt Bauman.
Habitat du futur
Certaines propositions illustrent les conséquences du réchauffement climatique et de l’élévation du niveau des eaux. La tour de logements en bois de Peter Van Driessche/Atelier 4 se compose d’une structure de quatre piliers en bois dans laquelle viennent se glisser des volumes en forme de containers. Quand le niveau de la mer monte, le container qui risque d’être immergé peut être repositionné au-dessus des autres. Des étudiants en architecture intérieure de Louvain ont réfléchi à l’aménagement de cet habitat du futur, à travers des cellules multifonctionnelles (coin repas, salle d’eau, coin nuit…) de 20 m².
L’école flottante du nigérian Kunlé Adeyemi, Lion d’argent à la Biennale d’architecture de Venise en 2016, est reconstruite sur les eaux bien tranquilles du lac d’amour. Largement ouverte sur l’extérieur, cette élégante structure bois en R+2 offre de beaux panoramas sur les constructions médiévales des alentours.

Ecologie
Suite au succès remporté par le ponton de baignade de l’Atelier Bow Wow lors de la première édition de la Triennale, les commissaires ont aussi encouragés les artistes à investir les canaux. Deux équipes étrangères ont relevé le défi. Le cabinet espagnol Selgascano (José Selgas & Lucia Cano) propose un pavillon multicolore, sorte de caverne néo-pop de couleur rose-orangée, constituée d’une bâche plastique assemblée sur des armatures de fer. Le choix du revêtement plastique risque de faire monter la température intérieure lors des chaleurs estivales. Mais du ponton à la baignade, il n’y a qu’un pas…
Quant à l’Office for Beyond Boundaries Architecture (OBBA), cette jeune agence coréenne a conçu un ponton promenade de 100 m2. « Nous voulions ramener de la vie sur le canal avec cette zone de jeux et de promenade pour les habitants du quartier », témoigne Sojung Lee. La structure sinueuse en cordage blanc « vise à rompre la linéarité du quai, brouiller les perspectives entre la rue et le canal et aussi visualiser les mouvements du vent », poursuit la jeune architecte.
D’autres s’aventurent du côté de l’écologie : le collectif belge Rotor s’est intéressé à l’expansion du crabe chinois qui envahit les eaux de Bruges (ci-dessus). Le duo newyorkais Studiokca a fabriqué une baleine de plastiques de dix mètres de hauteur avec cinq tonnes de déchets récupérés des océans (ci-dessous).

Recherches architecturales
Pour en savoir plus sur la démarche des artistes, l’exposition Liquid City présente chaque projet dans son contexte, sous la forme de maquettes, plans et vidéos. Et les collections du FRAC Centre Val-de-Loire, au grand séminaire, constituent un riche contrepoint historique. Une sélection de maquettes imprimées en 3D, d’œuvres informatiques et d’installations monumentales illustre combien cette recherche d’une architecture non orthogonale et non soumise à la gravité, alimente les recherches architecturales depuis plusieurs décennies.