Transport par câble : l’industriel Poma donne corps à sa diversification

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L’entreprise française de transport par câble veut diversifier ses revenus en s’impliquant plus fortement dans l’exploitation de ses infrastructures en milieu urbain, les services et les projets exceptionnels.
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Dans le cadre de sa stratégie de diversification, Poma veut multiplier les projets d'exception, comme ici la plateforme d'observation de Brighton (160 m) inaugurée en 2016.
Dans le cadre de sa stratégie de diversification, Poma veut multiplier les projets d'exception, comme ici la plateforme d'observation de Brighton (160 m) inaugurée en 2016.

Mi-octobre, Poma inaugurera son nouveau bébé : il s’appelle Angelo et c’est un téléphérique qui reliera deux quartiers d’Ajaccio (Corse) au fil d’un parcours de 3 km ponctué de quatre gares pour désengorger une ville où la voiture est encore reine. Si le spécialiste français du transport par câble reste fermement adossé à ses activités de montagne, les infrastructures urbaines constituent l’un des axes forts de sa croissance. « Le secteur se développe depuis dix ans, constate Fabien Felli, président de Poma. Il augmente aussi par sa taille : la ligne de téléphérique urbain que nous avons mise en service à Madagascar en 2024 compte 8,7 km et sept gares ». Un autre projet en cours de réalisation à Saint-Domingue s’étend sur 7,6 km et le groupe a remporté un contrat en Inde pour une télécabine de 5 km, la plus longue du pays, où il vient d’ouvrir une filiale.

« Effet boule de neige »

Si l’Amérique latine est de longue date une adepte du transport urbain par câble – Poma y a construit son premier téléphérique en 2004, à Medellin (Colombie) –, Fabien Felli lui voit également un bel avenir dans le reste du monde : « A partir du moment où il y aura des références majeures en Europe, nous assisterons à un effet boule de neige aux Etats-Unis et en Afrique ». En France, l’entreprise iséroise a construit le téléphérique de Toulouse et attend l’appel d’offres de la Métropole Aix-Marseille-Provence pour le transport par câble qui reliera la gare de Vitrolles et l’aéroport Marseille Provence. Et si l’autrichien Doppelmayr lui a été préféré pour la construction du Câble C1 qui entrera en service en décembre en région parisienne, Fabien Felli assure n’en retirer aucune amertume : « peu importe qui mène le chantier, un tel projet est bon pour le câble ».

Exploitation et maintenance

Constructeur, Poma est également le premier exploitant de transport urbain par câble au niveau mondial. C’est le cas à Toulouse, ce sera aussi le cas à Ajaccio où l’entreprise assurera l’exploitation en régie d’Angelo pendant dix ans. Les activités d’exploitation et maintenance mais aussi les services, les navettes d’aéroport et les projets d’exception – grande roue, plateforme d’observation – devraient représenter 20 % du chiffre d’affaires en 2030. Une diversification appuyée par le changement de nom de certaines filiales pour une meilleure identification du groupe : Semer (ingénierie) devient Poma Mont-Blanc et Sacmi (pièces métalliques), Poma Savoie, le tout avec un objectif d’accroissement du chiffre d’affaires et de la rentabilité au niveau mondial.

Remous géopolitiques

En 2024, Poma a engrangé 520 millions d’euros de revenus dont 70% à l’export. Le groupe, qui réalise 180 M€ de chiffre d’affaires aux Etats-Unis, ne craint pas les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens : il dispose depuis 1980 d’une filiale à Grand Junction (Colorado) et a inauguré une usine à Salt Lake City (Utah) et son président évalue l’impact des « tariffs » à 5 % sur le prix d’une télécabine. Les remous géopolitiques et le manque de visibilité qu’ils engendrent inquiètent plus Fabien Felli tout comme l’émergence possible d’un nouvel acteur qui viendrait s’interposer entre le leader mondial Doppelmayr (1 milliard d’euros de CA) et Poma.

20 M€ d’investissements supplémentaires

« Nous devons nous préparer à voir un jour un concurrent chinois sur nos marchés : la grande entreprise nationale de transport par câble, BMHRI, se cantonne pour le moment à son marché domestique mais la prudence nous dit qu’il faut continuer à innover », avertit le président de Poma. L’entreprise française a investi 150 M€ en dix ans dans sa R&D et propose désormais une gamme à faible impact environnemental qui comprend un moteur direct drive moins consommateur d’énergie et moins sonore. Elle investira 20 M€ supplémentaires dans une nouvelle plateforme logistique et un banc d’essai de télécabines à taille réelle sur son siège de Voreppe, près de Grenoble.

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Date de réponse 21/10/2025