Conçue par Bourgueil & Rouleau, architecte mandataire, à l’emplacement d’un ancien parking, la piscine Belliard (Paris XVIIIe) a ouvert au public le 8 septembre, après deux ans de travaux menés par Bouygues Bâtiment Ile-de-France. D’un coût de 22,4 M€ TTC, elle abrite un bassin sportif (25 x 15 m) et un autre d’apprentissage (15 x 10 m), coiffés d’une charpente en bois ondulant au rythme d’arbalétriers de 28 m de portée. Le volume dégage un parvis planté à l’avant de la parcelle de 3 089 m2 , tout en longueur, et un jardin à l’arrière, profitant du retrait en limite de propriété imposé par le PLU. Ses toitures sont entièrement végétalisées.
« L’un des grands enjeux du projet était de profiter de la création du bâtiment pour faire de ce terrain imperméabilisé un creuset de biodiversité », énonce l’architecte Nicolas Rouleau. Alors que seules deux espèces d’insectes avaient été recensées avant le début du chantier, l’opération a obtenu le label Biodivercity en phase conception. « Nous nous sommes fixé un objectif de 70 % de végétalisation indigène, indique Camilla Duffy, cheffe de projet chez Endroits en Vert, l’agence de paysagistes membre de l’équipe de maîtrise d’œuvre qui a accompagné la Ville de Paris, maître d’ouvrage. Nous nous sommes inspirés des milieux forestiers de la région, en essayant de faire des parallèles entre les caractéristiques offertes par la morphologie du bâtiment et celles qui se retrouvent dans la nature », ajoute-t-elle.
Jardin inaccessible au public.
Pour illustrer ses propos, la paysagiste prend l’exemple du jardin des Abysses créé en fond d’emprise. Visible dès l’entrée, cette zone encaissée, en retrait de la résidence de logements voisine, est inaccessible au public, afin de laisser le microcosme s’y développer. La flore choisie répond à l’enclavement du lieu. « Le hêtre ou le chêne, s’ils sont isolés en ville, peuvent souffrir de la chaleur. Nous les plantons donc entre des murs pour les abriter comme ils s’abriteraient entre eux en forêt », détaille Camilla Duffy.
Le jardin des Ecumes prend place, lui, sur le toit des vestiaires et se prolonge jusque sur les abords du terrain sportif voisin. Quelque 80 cm de terre végétale recouvrent près de 100 m². Orienté plein sud, il se compose d’essences capables de s’adapter au réchauffement climatique. « Nous avons disposé des végétaux robustes que nous connaissons bien et des plantes méditerranéennes, qui supporteront l’exposition, mettant à profit les 30 % de végétalisation non indigène », indique la paysagiste. Le reste de la toiture est également végétalisé. Le substrat, limité à 15 cm d’épaisseur, accueille des essences habituées aux terrains calcaires ou plus secs.
Végétalisation en strates.
Le projet porte aussi une attention toute particulière aux usages. La mise en œuvre d’une palette végétale capable d’offrir le gîte et le couvert à l’avifaune, plus particulièrement au moineau domestique, espèce protégée, a constitué une priorité. Ainsi, même si la parcelle est enclavée dans un milieu urbain dense, la végétalisation a été travaillée en strates, de manière à habiter tous les niveaux du bâtiment et à tracer des corridors écologiques depuis le sol jusqu’à la cime des arbres, en particulier ceux de la rue Belliard et des deux parcs situés à proximité.







