Plus une entreprise du BTP du Grand Est est proche d’une frontière, plus ses difficultés augmentent pour recruter des salariés, mais aussi pour les garder. Ce qui n’était jusqu’alors qu’une simple impression vient d’être confirmé par les résultats d’une enquête de l’Observatoire des métiers du BTP commandée par les partenaires sociaux réunis dans les commissions paritaires régionales de l’emploi et de la formation du bâtiment et des TP. Ainsi, selon cette étude basée sur 248 questionnaires et 42 entretiens approfondis, six entreprises sur dix ont enregistré un ou des départs de personnel ces deux dernières années.
Le fait que le salarié ait trouvé un nouvel emploi frontalier fait partie des raisons imputées (13 % des cas), derrière toutefois les raisons personnelles (33 %) ou le niveau de salaire jugé trop bas (27 %). L’effet frontière s’observe plus nettement sur la fidélisation. A l’échelle de la région, un dirigeant sur cinq considère que cela exerce sur elle une influence néfaste, mais cette réponse est apportée plus souvent dans les départements limitrophes, jusqu’à qualifier l’impact de « fort » dans 56 % des cas en Meuse, 39 % dans le Haut-Rhin ou encore 33 % en Moselle.
D’autres atouts que le salaire.
Les salaires (80 % des réponses), la fiscalité (45 %) et les prestations sociales sont pointées comme les principaux vecteurs d’attraction vers les pays proches. Mais un tiers des répondants déclarent riposter, au moyen d’autres leviers : primes, amélioration des conditions de travail, limitation des déplacements, promotion interne… De plus, « le travail frontalier n’est pas forcément le choix de toute une carrière. Dans un second temps, les arguments du cadre de vie ou de l’équilibre entre vies privée et professionnelle peuvent inciter à revenir côté français », souligne Hervé Dagand, responsable de l’équipe de l’Observatoire.