2009-2010 : de la ville "post-Kyoto" à la ville "de l’après-Copenhague"

Élément décisif des politiques locales, le projet urbain durable est un déterminant de l'avenir de l'humanité. La ville s'impose ainsi comme une solution incontournable dont témoigneront de nombreux événements prévus en 2010.

Assurément, l'année 2009 en matière d'urbanisme et d'architecture a été marquée par la consultation internationale dite "du Grand Pari(s)" dont on aurait trop tendance à oublier que le premier volet concernait la métropole de l'après-Kyoto. Autrement dit, cette consultation ne s'est pas limitée à réfléchir à un seul territoire - en l'occurrence celui de l'agglomération parisienne - mais elle a posé les bases d'une réflexion sur le futur de la planète.

Il paraît aujourd'hui incontestable que ce futur sera urbain ou qu'il ne sera pas. En tout cas, il sera urbain ou il sera compromis. Le rétrécissement des terres émergées, conséquence du réchauffement climatique, et surtout l'accroissement de la population se combinent pour renforcer le phénomène massif, à l'œuvre depuis environ deux siècles, du regroupement des hommes dans les villes.

En parallèle s'accélère une autre révolution : nous n'habitons déjà plus le même espace. Les nouvelles technologies, Internet en particulier, ont considérablement modifié la physionomie de nos territoires, et jusqu'à nos modes de penser. Il suffit de mesurer par exemple à quel point certaines distances se sont rétrécies pendant que d'autres s'allongeaient. Ou bien de constater qu'un individu peut désormais être joint par téléphone ou par courrier indépendamment de sa localisation géographique à l'instant "T".

Population

Le philosophe et épistémologue Michel Serres posait ces jours-ci sur France Culture la question de la proportion des agriculteurs chez nous en 1900. Et donnait la réponse : 60 à 65%, tout en poursuivant : "combien y en avait-il en 2000 ? 1,8% !". Une réduction drastique en un siècle. Il estimait, par ailleurs, la population des villes en 1800 dans une fourchette comprise seulement entre 3 et 8% des humains. "Or, remarquait-il, nous avons appris une histoire des villes", avant de s'insurger : "Qu'est-ce que c'est que cette histoire qui a expulsé 90% des humains ?".

Copenhague a pris le relai de Kyoto sans en prolonger les espoirs. L'échec ou le fiasco dont ce sommet est aujourd'hui taxé ne saurait cependant empêcher de contribuer à "penser la ville de l'après-Copenhague", ainsi que le suggérait le 16 décembre dernier, avant même la diffusion de la déclaration finale des chefs d'État, le titre d'un colloque organisé par l'Afex (Association des architectes français à l'export).

Au cours des deux ou trois dernières décennies, avec une accélération récente, le projet urbain est devenu un élément décisif des politiques locales. D'une manière assez partagée, les maires des grandes villes affichent aujourd'hui une volonté urbaine très affirmée. Pas seulement pour être à la tête d'une jolie agglomération, encore moins pour avoir de meilleures chances de se faire réélire ! Mais parce qu'ils savent qu'un urbanisme de qualité porte en germe les ferments de l'attractivité économique, de la paix sociale, du rayonnement culturel et de la qualité de la vie. Alors, depuis peu, à la dénomination de leur projet urbain ils accolent bien sûr l'adjectif obligatoire : durable !

Solution

La ville n'est ainsi plus seulement l'objet d'une politique visant à améliorer la situation des banlieues. Toute ville entend d'ailleurs se réconcilier avec sa banlieue, sans forcément s'en donner les moyens. Mais au-delà de ces questions, ce mot de ville a repris une connotation positive, un peu idéalisée parfois. Comme s'il s'agissait d'en faire un aboutissement indépassable du progrès humain. En témoigne la manière dont elle est mise en exergue dans nombre de manifestations qui auront lieu en 2010.

Ainsi, en mars, les "Entretiens de l'aménagement" qui se dérouleront à Bordeaux ont choisi pour thème : "La solution, c'est la ville". Si c'est vrai, alors la banlieue va cesser d'être un problème pour enfin devenir un élément décisif de la solution ! Ce qu'en soi, elle est bien sûr déjà beaucoup...

De mai à octobre, se déroulera à Shanghaï l'événement attendu comme la plus importante Exposition universelle de tous les temps. Son thème : "Better city-Better life". D'une meilleure ville dépend une meilleure vie ! C'est une confirmation.

De septembre à novembre, enfin, la Biennale internationale d'architecture de Venise verra le pavillon français traiter, sous la houlette de Dominique Perrault, le thème "Metropolis". Une autre manière d'explorer les mutations des grandes métropoles régionales françaises.

Dans ce concert de louanges à la ville, Rem Koolhaas déclare, un brin iconoclaste, se concentrer aujourd'hui sur... "tout ce qui n'est pas ville". Cette attention portée à la campagne ou, comme il dit, à "la non-ville" n'est pas inutile. Elle montre un chemin : celui de la nécessaire construction d'une planète réconciliée avec la nature. Ce qui sous-entend tout simplement que la ville se réconcilie avec elle-même.

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