L’article du « Monde » en date du 26 août 2025 nous incite aujourd’hui à prendre la parole pour expliquer notre position concernant le litige qui nous oppose à Mathias Rollot.
M. Rollot a choisi de médiatiser le dossier en l’érigeant en débat sur la censure de la recherche, tentant ainsi de masquer les véritables raisons de notre action. Dans ce contexte, il nous appartient de rétablir les faits et de défendre notre agence mais surtout nos collaborateur·rice·s, directement visé·e·s et blessé·e·s par ses propos.
En juin 2023, sans avoir pris la peine de nous joindre pour vérifier ses sources, M. Rollot a publié un texte sur un blog anonyme, contenant de nombreuses erreurs et approximations - une dizaine tout de même pour une « enquête sérieuse » (dixit l’article du « Monde ») – mais surtout plusieurs qui relèvent de la diffamation.
Deux exemples sont significatifs :
• Il nous a accusé·e·s d’avoir pillé les travaux d’une doctorante dans l’ouvrage « Accueillir le vivant » (Parkbooks, 2019) en prétendant que nous aurions dissimulé sa participation. Or, cette chercheuse (qui a achevé aujourd’hui une thèse solide et primée) n'a rejoint l’agence qu'après la publication de cet ouvrage. Ces dates sont publiques et accessibles à tous. M. Rollot ne pouvant ignorer ces faits, les a ainsi volontairement omis pour les besoins de son papier.
• Il nous a accusé·e·s de mener une politique de recrutement discriminatoire en décrivant nos collaborateur·rice·s comme « blancs et bien habillés », essentialisant ainsi les femmes et les hommes de notre agence. Cette affirmation est d'autant plus fausse que notre équipe compte plus de sept nationalités différentes comme il était facile de le vérifier.
Ces propos n’ont pas seulement mis en cause la probité professionnelle de l’agence : ils ont personnellement touché nos équipes. Être réduit·e·s à leur couleur de peau ou leur origine, constitue une atteinte injustifiable. La publication de leur photographie dans ce contexte a d’autant plus exposé nos collaborateur·rice·s, qui se sont retrouvés malgré elles et eux impliqués dans cette affaire.
Afin de bien saisir toute la violence de cet article, nous tenons à signaler que nous avons reçu, à la suite de sa publication, des menaces anonymes visant notre agence et ses membres.
Nous avons informé M. Rollot de tous ces éléments. Il n'a pas daigné nous répondre. Nous avons donc été contraints d'intenter l'action en diffamation dont fait état le journal « Le Monde ».
Cette action n'avait nullement pour objet d’empêcher la critique de nos travaux, fusse-t-elle totalement à charge, mais de se défendre face à ces affirmations mensongères et diffamatoires (dont on ne connaît toujours pas les raisons), formulées dans l'unique but de nuire en colportant ce qu’il faut bien appeler des « fake news ».
De surcroit, plutôt que de reconnaître ses erreurs dans un geste d’apaisement qui aurait pu suffire, M. Rollot a discrètement modifié son texte quelques semaines après sa publication, sans s’en excuser, mais pire, sans en informer ses lecteur·rice·s, contrairement aux règles déontologiques les plus fondamentales et aux exigences de la recherche. Il ne s’agissait donc pas de « corriger des coquilles », mais bien de supprimer les passages les plus diffamatoires.
Nous ne partageons ainsi pas l'analyse du journal « Le Monde » qui considère que ces accusations n'étaient que de simples « erreurs factuelles et imprécisions ».
Nous rappelons que, bien que nous n’ayons pas souhaité commenter publiquement l’affaire, nous avons transmis au « Monde », avant la publication de son article, l’ensemble des pièces du dossier afin d’éclairer la réalité des faits. Nous regrettons qu’elles n’aient été ni reprises ni mentionnées. Il est tout aussi regrettable que le journal ait omis de préciser que le Procureur de la République avait déposé un réquisitoire partageant notre analyse et demandant le renvoi de M. Rollot devant le tribunal correctionnel (décision qui ne préjuge pas de l’issue de l’affaire, mais confirme la légitimité de notre action). Cet oubli - bien commode -, réduit cette affaire à une simple querelle d’idées et assimile la diffamation à une critique. Car M. Rollot n’a pas écrit en chercheur. Il a quitté la blouse du scientifique pour revêtir le costume du pamphlétaire. Il ne saurait invoquer les privilèges de la liberté académique tout en renonçant aux obligations de rigueur et de vérité qui la fondent.
Nous sommes profondément affecté·e·s par cette polémique et nous n’acceptons pas l’image de cynisme qui est portée dans l’article initial en s’appuyant sur des éléments factuels faux. Nous avons toujours respecté la recherche - qu’elle soit universitaire ou menée en agence -, elle nous guide et nous utilisons ses résultats pour faire évoluer notre travail.
Nous sommes conscients des enjeux autour de l’acte de construire aujourd’hui, dans un monde abîmé, et nous tâchons, en toute bonne foi, d’y apporter certaines réponses, parfois insuffisantes et partielles, mais toujours sincères. L’implication des agences d’architecture dans les questions environnementales mérite mieux qu’une polémique en forme de faire-valoir ou qu’un tissu de propos infamants.
Nous acceptons la critique y compris la plus sévère, dès lors qu’elle repose sur des faits établis et un débat contradictoire. Derrière chaque projet et chaque recherche se trouvent des personnes qui travaillent avec engagement et dignité. C’est aussi pour elles et eux que nous demandons réparation.