Ici une porte médiévale enterrée, là un arc du 13e siècle dissimulé sous un enduit, plus loin une baie Renaissance… Le chantier de réhabilitation de l’immeuble Barral, à Lodève (Hérault), a dû faire l’objet de plusieurs adaptations, à mesure que les travaux révélaient des vestiges de constructions plus anciennes. Ce long bâtiment placé face à la cathédrale Saint-Fulcran, a été construit au milieu du 19e siècle pour abriter une caserne d’infanterie et une caserne de gendarmerie, avant d’être converti en local industriel. Composé de deux parties distinctes, construites à quelques années d’intervalle, prolongé par l’ancien presbytère de la cathédrale, l’immeuble est partiellement bâti sur une cave voûtée du 14e siècle qui appartenait au groupe épiscopal, ce qui lui a valu un classement au titre des Monuments historiques.
Préserver les éléments patrimoniaux
La communauté de communes Lodévois et Larzac a entrepris de le réhabiliter et de l’agrandir pour y installer son siège, au sein d’une Maison de l’économie et de l’emploi. L’ensemble, de 3.100 m2, accueillera également le futur Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine de Lodève (Ciap). « La difficulté à été de rendre simple un bâtiment complexe associant des éléments d’époques différentes, indique Aurélie Rouquette, architecte. Nous avions notamment à gérer sept demi-niveaux. » La nécessité de préserver les éléments patrimoniaux, tout comme la localisation du bâtiment en cœur de ville, ont pesé sur l’intervention des entreprises. « Hormis le coulage des planchers en béton, tout a été fait manuellement », souligne Pascal Ramuzat, directeur du chantier pour Dumez Sud. Les concepteurs ont eu à gérer une autre contrainte : celle d’atteindre un niveau de performance BBC sur l’ensemble de l’opération, réhabilitation comprise.
Puits de lumière et plancher de verre
Faute de pouvoir poser une isolation extérieure sur la partie ancienne, les architectes ont choisi d’utiliser les atouts du bâtiment : la partie supérieure a reçu une isolation intérieure, mais le soubassement médiéval a été laissé en l’état pour apporter de l’inertie et contribuer à la gestion hygrométrique des locaux. Au cœur du bâtiment, les architectes ont ménagé un grand vide, traversé par des passerelles, qui servira à la fois de puits de lumière et de « cheminée solaire ». « L’air frais venu du cellier médiéval sera aspiré dans ce grand volume par convexion naturelle, explique Mickaël Courtay, architecte. Nous économisons ainsi la moitié de l’énergie nécessaire au fonctionnement de la ventilation. » Côté nord, une bâtiment neuf viendra prolonger l’immeuble Barral. Posé sur un socle vitré, il sera doté d’un double mur à isolation médiane, dont la partie externe sera construite en pierre maçonnée. Au rez-de-chaussée, la future salle du conseil communautaire sera dotée d’un plancher de verre qui révèlera les vestiges de la porte du rempart médiéval, découverts lors des fouilles qui ont précédé l’ouverture du chantier.
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Fiche technique
Maître d’ouvrage : Communauté de communes Lodévois et Larzac
Assistant à maître d’ouvrage : AMO Autrement (Montpellier)
Architecte : Aurélie Rouquette, Mickaël Courtay, Delphine Vermeersch, (Paris)
BET : Artelia (Montpellier, Toulouse)
Gros-œuvre : Dumez Sud (Montpellier)
Charpente métallique : Ateliers Charpentes Nicolas (Saint-Hilaire-de-Brethmas, 30)
Menuiseries extérieures : Midiver (Béziers)
Electricité : Galtier Flavien (Lodève)
Plomberie CVC : Temperia (Mauguio)
Shon: 3.100 m2 (2/3 réhabilitation, 1/3 neuf)
Coût travaux : 3,9 millions d’euros HT.
Livraison : début 2014.
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Jean-Marie Lopez (Littoral Bois & Matériaux, Gard) : un « décrocheur » devenu chef d’entreprise | %%MEDIA:1019114%% | ||||
Au premier abord, l’histoire de Littoral Bois & Matériaux, installé dans la station balnéaire du Grau-du-Roi, ressemble à celle du petit indépendant qui réussit là où le grand groupe a échoué. A y regarder de plus près, elle est simplement une preuve supplémentaire que le véritable capital du négoce est humain. Né à Saint-Gilles (Gard), Jean-Marie Lopez, fils d’un employé agricole, est ce qu’on appelle aujourd’hui un décrocheur, c’est-à-dire un jeune sorti du système scolaire trop tôt. Décrocheur, mais bosseur. Il n’a pas 16 ans quand il commence à travailler : dans la maçonnerie, la boulangerie, la ferronnerie… « J’ai pris tout ce qui venait. » Si l’envie de conduire l’amène au négoce, c’est l’ambition qui fait de lui un entrepreneur. Une ambition qu’il mesure en côtoyant la clientèle aisée de l’hôtel trois étoiles des Saintes-Marie-de-la-Mer dont sa femme est un temps la gérante. « Ça m’a donné envie de faire pétiller ma vie ». Et quoi de mieux que le commerce pour faire vite et bien pétiller sa vie ? C’est alors que lui, « le timide inquiet sans bagage » devenu chef d’entreprise aujourd’hui, ose demander un poste de chauffeur chez la Méridionale de Bois et Matériaux. De poste en poste, il progresse jusqu’à terminer commercial et même si les journées lui semblaient trop courtes, il n’en garde que d’agréables souvenirs. Cette agence est créé en 1984 par le Point.P de Nîmes, qui cherche à étoffer son secteur. Ce satellite s’installe sur un terrain loué à la SNCF, se limite au gros-œuvre et emploie deux personnes. Afin de booster son activité, Point.P décide de la confier à l’un des commerciaux de son agence de Nîmes, Jean-Marie Lopez. Sa feuille de route : démarcher et faire venir la clientèle. Et ça marche : les affaires repartent rapidement et le chiffre d’affaires s’oriente à la hausse. Mais Jean-Marie Lopez est conquis par une nouvelle opportunité par l’industriel Fabemi, qui le charge de développer la licence Bradstone sur plusieurs départements. Et là encore, ça marche : chauffeur-livreur devenu cariste, magasinier, vendeur et commercial responsable d’un (petit) dépôt, Jean-Marie Lopez se retrouve manager d’une bonne vingtaine de départements. Sept ans passent quand, en 1994, notre homme entend que Point.P veut se débarrasser de son antenne du Grau-du-Roi. Il se montre intéressé, mais doit attendre encore un an pour la récupérer: fermée plusieurs mois, elle a perdu son fonds de commerce. Jean-Marie Lopez « tombe la cravate » et, seul avec un chauffeur-livreur, se remet à servir les clients, à réceptionner les marchandises, à faire des devis… Et de nouveau, ça marche. Le chiffre d’affaires revient, l’équipe s’étoffe, le carrelage et la menuiserie s’ajoutent au gros-œuvre… Le petit dépôt devient un point de vente prospère, même si la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Au même moment, la SNCF décide de vendre le terrain du Grau-du-Roi et la mairie préempte. Il faut déménager, vite. Le négoce s’installe sur la Zac de Montplaisir, un peu plus loin. Le terrain n’est pas très grand, mais il est mieux situé, et le chiffre d’affaires fait un bond de 30 %… Une très bonne nouvelle, certes, mais un grand danger aussi : tout gestionnaire sait que lorsque le chiffre d’affaires explose, le fond de roulement doit suivre. Au BigMat du Grau-du-Roi, l’agence, qui couvre 4000 m2 dont 2500 m2 couverts, un libre-service de 400 m2, un show-room Carrelage de 200 m2 et un show-room Menuiseries de 50 m2, compte dix salariés, dont la femme et le fils de Jean-Marie Lopez. Dans cette région, où les touristes se bousculent plus que les entreprises, celui-ci suit ses clients où qu’ils aillent, est prêt à tout pour leur trouver sans délai ce qu’ils cherchent, et veut développer « le grand public et les campings ». Il communique beaucoup localement, que ce soit au cinéma, sur les stades, au centre commercial ou sur les abribus… : « Si je pouvais investir localement le budget que je donne pour le national… » Camarguais et sportif, il aide les clubs locaux depuis toujours, mais aussi les jeunes, et organise l’ascension du Mont-Ventoux à vélo, rame à l’aviron et durant les joutes languedociennes, et nage au club de plongée (on en passe…). Si Jean-Marie Lopez considère que « les BigMat sont des indépendants aux reins solides », il pense aussi que l’on peut tomber d’un coup, que l’on soit petit ou gros. Mais pour l’heure, il est fier d’avoir décroché un 3++ à la Banque de France, qui prouve l’excellente capacité de l’entreprise à honorer ses engagements financiers. Ça continue de marcher. Marianne Tournier Pour en savoir plus, venez découvrir le Tour de France des régions BigMat sur http://www.letourbigmat2013.fr |