Air intérieur : "on ne peut pas éliminer les polluants d'un coup de baguette magique"

Francis Allard, directeur du Laboratoire d'Etude des Phénomènes de Transfert Appliqués aux Bâtiments (LEPTAB) implanté à La Rochelle, explique qu'obtenir un air intérieur sain est complexe.

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Francis Allard, directeur du Laboratoire d'Etude des Phénomènes de Transfert Appliqués aux Bâtiments (LEPTAB)

D'où provient le danger sanitaire de l'air intérieur d'un bâtiment ?

La problématique est différente de celle liée à la protection sanitaire des travailleurs exposés où il s'agit de fortes concentrations de quelques polluants ciblés. L'air d'un bâtiment devient dangereux du fait d'une exposition sur le long terme à un mélange de polluants présents à de faibles concentrations. La difficulté réside principalement dans le fait que nous manquons encore de données sur les couples polluants gazeux et matériaux atmosphériques ainsi que sur les phénomènes d'interactions entre polluants existants. De plus, dans le bâtiment, il n'y a pas que les polluants contenus dans les matériaux qui peuvent se révéler dangereux. Avec l'apport énergétique du soleil, une combinaison de molécules bénignes peut donner un corps dangereux. Par exemple, le formaldéhyde, molécule cancérigène, se trouve à plusieurs niveaux. Il peut être contenu dans les produits manufacturés ou provenir de l'hydrolyse de certaines molécules contenues dans les colles.

Que conseilleriez-vous aux maîtres d'ouvrage ?

Il faut tout d'abord éviter les matériaux et produits qui contiennent des polluants ou des précurseurs de polluants. A ce propos, il faut se méfier de l'adage « c'est naturel, donc c'est sain. » Il y a des essences de bois qui sont mauvaises pour la qualité de l'air. Une fois les sources réduites, il faut ensuite veiller à ce que la ventilation du bâtiment soit bonne. Avec les futures réglementations thermiques, les bâtiments seront de plus en plus étanches, la ventilation va donc devenir un enjeu majeur.

Aujourd'hui, l'arrêté de 82 sur la ventilation impose un débit à respecter, mais ne prend pas en compte le filtrage et l'apport d'air neuf. Il faut que la réglementation sur la ventilation prenne la même voie que la réglementation thermique, qu'elle passe d'une exigence prescriptive (un débit à respecter) à des exigences de performance (des seuils maxima de polluants).

Que pensez-vous des épurateurs d'air et des plantes ?

Les épurateurs d'air conviennent bien pour éliminer un polluant mais il n'est pas rare d'en trouver plus d'une centaine dans une pièce. A propos des plantes, je ne parlerais pas de solution anecdotique , mais elles ne pourront pas résoudre à elles seules le problème de la qualité de l'air.

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