Au Congrès HLM, les bailleurs sociaux ne trouvent (presque) rien à sauver du PLF 2024

Cette année encore, le mouvement HLM s’inquiète de la vacuité du projet de loi de finances les concernant. Et craignent pour la pérennité de leur modèle.

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Table ronde au congrès HLM 2023.
Table ronde au congrès HLM 2023.

« C’est maigre, voire nul » tranche Marie-Noëlle Lienemann, présidente des Coop’HLM. Cette franche déception se trouve largement partagée au sein du monde HLM. « J’ai parcouru les 406 pages du projet de loi de finances pour 2024, mais je n’ai pas lu beaucoup de choses sur la politique du logement », confirme ainsi Jean-Luc Vidon, président de la Fédération nationale des associations régionales HLM (Fnar).

Ce dernier, qui rappelle le temps long nécessaire à l’activité des bailleurs sociaux, regrette l’absence de cap fixé à la politique du logement : « Nous ne pouvons pas travailler PLF après PLF. Nous devions avoir depuis des années un pacte de confiance afin d’y voir clair sur cinq ans. Or, nous n’avons rien aujourd’hui. »

Même sentiment de déception répétée année après année du côté de Valérie Fournier, présidente de la fédération des ESH. « C’est le quatrième projet de loi de finances consécutif que l’on nous met dans la ouate. Certes, nous pouvons nous féliciter de ne pas être ponctionnés, feint-elle de se réjouir, mais on nous met sous sédatif. Or, les difficultés sont devant nous. »

Menaces sur le neuf comme sur l'ancien

Président de la fédération des OPH, Marcel Rogemont s’inquiète ainsi pour la production à venir : « on part sur un rythme de 60 000 logements sociaux agréés sur une année. » En cause, notamment, la faiblesse de l’autofinancement des organismes de logement social, qui se trouve artificiellement maintenu par la vente de logements.

Les bailleurs sociaux ne pourront donc pas faire preuve de résilience, alors même qu’une profonde crise du logement se prépare. Mais l’Etat le veut-il ? Valérie Fournier déplore qu’au sein de l’administration, le modèle universel français soit remis en cause. « On nous a bassiné avec le modèle britannique, mais celui-ci est un échec ! ».

Au-delà du neuf, les bailleurs doivent affronter la transition écologique. Or, Marcel Rogemont tire aussi la sonnette d’alarme sur le rythme insuffisant des rénovations énergétiques pour des raisons financières. Pour passer tous les logements E, F et G des OPH en A, B et C, il faudrait multiplier leurs investissements par 3,5 entre 2023 et 2034, estime-t-il. Avec un risque réel à l’approche des interdictions de location des passoires thermiques : « il ne faudrait pas que le gouvernement nous mette dans la situation où nous devrions gérer des logements E avec des locataires qui ne paieraient pas leur loyer. » Alors, combien l’Etat doit-il mettre sur la table ? « Un milliard d’euros » estime Marcel Rogemont. Ce qui correspondrait à une partie de MaPrimeRénov'.

Une seule décision trouve grâce aux yeux de Marie-Noëlle Lienemann : le maintien de l’accession sociale au sein du dispositif PTZ recentré. Une décision dont se félicite également Yannick Borde, président du réseau Procivis. « Le PTZ pour l’accession sociale était menacé en juillet, il a été sauvé. » Les bailleurs sociaux se réconfortent comme ils peuvent.

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