Comment financer de façon pérenne les infrastructures de transport, routières comme ferroviaires, en intégrant des modalités alternatives et la fin des premières concessions autoroutières en 2031 ? Elus, professionnels, économistes des transports et associations d’usagers se donnent deux mois, pour tenter de résoudre cette équation complexe dans le cadre du cycle de débats « Ambition France Transports », que doit lancer François Bayrou le 5 mai à Marseille.
Alors que la fin des concessions autoroutières à partir de 2031 approche, que le gouvernement cherche actuellement 40Mds€ d’économies avant 2026, et qu’un plan de 100Mds€ a déjà été promis pour le transport ferroviaire en 2023 par l’ex-Première ministre Elisabeth Borne, est-il encore possible de dégager de nouvelles lignes de crédits pour les mobilités ? « Ces temporalités sont différentes, affirme Bercy, un des ministères qui prendra part au débat. Bien sûr il y a des contraintes fortes en lien avec le rétablissement des comptes publics et nous en tenons compte, mais cette conférence vise avant tout à redéfinir les grands équilibres financiers des infrastructures de transport à horizon 2030-2040 ; et en aucun cas il ne s’agira de faire une revue de détail des grands projets en cours, ni de les prioriser. »
Evaluer la dette grise du ferroviaire
« Ambition France Transports » comprendra plusieurs temps forts d’ici fin juillet, avant de donner lieu à un rapport qui permettra d’élaborer des scénarios à horizon 20 ans. De source gouvernementale, ce séminaire s’appuie sur un travail de fond, mené depuis plusieurs semaines par différentes administrations, notamment la direction générale du Trésor, le ministère des Transports… et des données de cadrage, qualifiées d’inédites, qui fourniront la matière nécessaire aux débats.
Au menu de ces échanges, les mobilités métropolitaines et les Services express régionaux métropolitains (Serm) pour lesquels 24 projets ont d’ores et déjà été labellisés dans toute la France, ainsi que les mobilités routières à horizon 2030. Le ministère des Transports a déjà notifié en mars dernier des plans de remise en état aux deux premières sociétés concernées par la fin des concessions : laSanef, pour les autoroutes du Nord et de l'Est, et l’Escota, pour celles de la Côte d'Azur. « Ces programmes imposent aux concessionnaires de réaliser les travaux nécessaires à la remise en bon état d’entretien du réseau concédé, sans augmentation des péages, jusqu’à la fin de la concession », expliquait alors le ministère.
Parmi les autres sujets, citons la dette grise du ferroviaire. Autrement dit, l’évaluation des conséquences du sous-entretien des infrastructures dédiées aux voyageurs et au fret.
Associer ONG et syndicats
Quatre temps forts sont annoncés. Le 20 mai, au Conseil économique social et environnemental (Cese), pour associer la société civile à ces thématiques, notamment ONG et syndicats. Puis, une rencontre dédiée à l’innovation, selon le principe de compensation des mobilités à horizon 20 ans, se tiendra le 26 mai au ministère de l’Economie.
Une séance sur le devenir des transports sous le prisme de l’intelligence artificielle, de l’électrification et au niveau rural, est aussi programmée le 23 juin, dans les murs de l’hôtel de Roquelaure, qui abrite les ministères de l’Aménagement du territoire et de la Transition écologique. Un séminaire piloté début juillet par la direction interministérielle de la transformation publique conclura cette période.