Dans la vallée de la Durance, l'armée transfigure une base aérienne

L’armée apporte sa pierre à la restauration écologique et paysagère de la Crau (Bouches-du-Rhône). Le 25ème régiment du génie de l’Air espère engager cette année la seconde phase du projet Natura 25, placé sous la maîtrise d’œuvre de la paysagiste Emilie Delerue.

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Crau Sèche
Crau Sèche

A la jonction entre la Crau sèche et la Crau humide, le projet paysager du 25ème régiment du Génie de l’air (RGA) vise à magnifier ces deux faces opposées de la basse vallée de la Durance, au pied des Alpilles.

Un contraste fondateur

Côté cour, le capitaine François Pieri décrit « cette unique  steppe semi-aride européenne, soumise à la rudesse de la météo de la vallée du Rhône, avec ses étés caniculaires et son mistral hivernal glaçant ». Et côté jardin, le chef de cabinet évoque une « oasis de verdure anthropique, due à un ingénieux réseau hydrologique qui abreuve la plaine » : une référence aux canaux édifiés à partir du XVIème siècle par Adam de Craponne.

Ce contraste entre les deux Crau compose le cadre quotidien du 25ème RGA, depuis son arrivée à Istres en 1996, en provenance de Compiègne (Oise). Mais dans le quart de siècle qui a suivi cette implantation, l’idée de sa mise en valeur paysagère n’avait pas effleuré les héritiers de la première compagnie d’aérostiers, créée en avril 1794. Dans sa note technique, la paysagiste Emilie Delerue souligne « le peu de visibilité et de qualité des espaces, soumis aux aléas climatiques ».

Des ressources locales

Pour composer son projet développé sur 1,2 ha et approuvé en décembre 2023 par le chef de corps du régiment, la conceptrice a mobilisé les ressources locales : les galets guident les cheminements et offrent un habitat adapté aux espèces autochtones. Des vivaces peu gourmandes en eau peuplent la partie aride de l’emprise.

Le réseau d’irrigation gravitaire de la Crau alimente les espaces humides. Les arbres qui en bénéficient offrent la fraîcheur et le confort de vie aux militaires. L'ensemencement de la prairie repose sur les fonds de greniers mis à disposition par les exploitants du seul foin français titulaire d’une appellation d’origine contrôlée. Cette ressource amène les semences des alpages jusque dans la plaine de la Durance.

Une identité révélée

Après la livraison de la première phase réalisée en régie par 110 équivalent temps plein du 25ème RGA, l’adhésion au projet est devenue une évidence. « Notre savoir-faire consiste à rendre possible le décollage et l’atterrissage des avions, ce qui nécessite des compétences en terrassement et aménagement », résume le Capitaine Pieri, avant de rappeler la devise de son unité : « Par la terre pour les airs »….

Le régiment d’Istres a trouvé dans ce projet un vecteur idéal pour se faire connaître auprès des jeunes générations, comme en témoignent les conventions signées avec des établissements de formation. A Nîmes, le lycée Marie Durand et le Centre de formation d’apprentis (CFA) du Gard ont inclus leur contribution au chantier dans les cursus du bac pro, de BTS et de brevet professionnel. Au CFA Fontlongue de Miramas (Bouches-du-Rhône), les apprentis et stagiaires sont intervenus dans le cadre de la formation diplômante en aménagement paysager.

chantier école
chantier école chantier école (Vaz Matisse)

Plusieurs conventions avec des lycées et centres de formation d'apprentis ont inscrit le chantier dans une dynamique pédagogique.

Engagement citoyen

Cette dynamique pédagogique renvoie à l’engagement citoyen revendiqué par le régiment : « Face au changement climatique que personne ne peut nier, il est de notre devoir à tous, quelle que soit notre position ou notre classe sociale, de faire quelque chose », proclame le capitaine Pieri. L’armée, selon lui, se trouve d’autant plus encline à suivre cette voie qu’elle maîtrise des terrains souvent « mieux protégés que ceux du monde civil ».

Sa force de conviction va trouver à s’exprimer dans les semaines qui viennent : faute d’éligibilité au Fonds vert du ministère de la Transition écologique, le 25ème RGA soumet le dossier de financement de la seconde phase du projet au Fonds d’intervention pour la transition écologique (Fite) créé en 2024 par le ministère des Armées.  La demande porte sur 83 000 €, après les 87 700 € dépensés pour la première phase : 60 000 pour les matériaux, 6 000 pour les végétaux et 21 700 pour l’étude paysagère.

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