Du haut de ses 124 ans, Bailly Quaireau aborde une année décisive dans son développement. Ce groupe familial vendéen, spécialiste historique de la quincaillerie puis des panneaux, lance un programme d’investissement de 8 M€. Une somme conséquente pour une entreprise qui réalise un chiffre d’affaires de 23 M€ avec 130 collaborateurs et 4 agences.
4 hectares. L’enveloppe va financer les deux projets d’envergure de cet adhérent Seba (pour la quincaillerie) et Sylvalliance (panneaux), et dont le siège historique se trouve à Challans. D’abord, un magasin professionnel de 2 000 m², avec une salle d’exposition de 500 m², face au siège actuel. Le deuxième projet concerne la construction d’une plate-forme de stockage de 9 000 m², à Maché, à une quinzaine de kilomètres de Challans. Livrée en août, elle accueillera le stock central et les services administratifs et commerciaux de la société. Le terrain de 4 hectares autorisera des extensions ultérieures - une prudence dictée par l’expérience.
« Nos locaux se sont avérés rapidement exigus, compte tenu de l’essor de l’activité panneaux », explique Michel Quaireau, PDG du groupe depuis juillet 1994. Sur le nouveau site, 5 000 m² seront réservés à l’activité panneaux, en croissance et qui génère aujourd’hui la moitié du chiffre d’affaires. La plate-forme sera équipée de transstockeurs, un investissement de 1 M€ à lui seul. Les bureaux et le stock de quincaillerie occuperont les 4 000 m² restants.
Affaire de famille. « La période peut paraître peu propice aux investissements. Mais ma famille est le seul actionnaire de l’entreprise que j’ai reprise en 1994, et tous les prêts sont remboursés », souligne Michel Quaireau qui, à 60 ans, prépare à son tour la transmission. Son fils Franck, directeur général, entré dans la société en 1997, doit lui succéder.
Tournée vers l’avenir, Bailly Quaireau reste attachée à son histoire. L’entreprise fondée en 1892 par la famille Bailly continue de faire vivre, au centre de Challans, une ancienne quincaillerie à la devanture identique depuis sa création en 1919. Un symbole autant qu’un élément du patrimoine de la cité.
État d’esprit. Plus généralement, Michel Quaireau a cherché à préserver un certain état d’esprit de métier, que semble bien résumer la devise de l’entreprise : « Simplicité, respect, humanisme ».
L’organisation commerciale s’appuie sur 23 ATC, qui travaillent en binôme avec des sédentaires, en plate-forme téléphonique. L’action commerciale, elle, appuie sur les points forts classiques du négoce - les relations à long terme avec les clients professionnels et la qualité du conseil technique. Cette vision traditionnelle du métier devient une force et un élément de différenciation sur des marchés du panneau et, surtout, de la quincaillerie, où la concurrence s’intensifie et où le Net joue un rôle croissant.
Banque et construction navale. Bailly Quaireau s’adresse, il est vrai, à 98% aux professionnels. Aujourd’hui, le poids des deux activités est identique dans son chiffre d’affaires de 23 M€. Les panneaux stratifiés et mélaminés sont destinés principalement au secteur de la menuiserie et à l’agencement. Avec une représentativité assez importante de clientèles finales professionnelles : banque, commerce, sous-traitants de la construction navale… « C’est un marché qui, souvent, résiste mieux que le bâtiment, mais qui dépend de la situation économique générale, analyse Michel Quaireau. Après un recul de plusieurs années, le secteur bancaire enregistre un rebond. »
Les panneaux sont à la fois encombrants et fragiles ; quant à leur manutention, elle est délicate. Résultat, le transport ne peut pas être sous-traité. L’entreprise détient donc une flotte de 7 camions et dispose d’une équipe logistique spécialisée.
Rentabilité. La zone couverte par Bailly Quaireau s’étend à la Loire-Atlantique et au Maine-et-Loire, et, côté sud, jusqu’à la Charente-Maritime. « Au-delà d’un rayon de 120 km, la rentabilité devient insuffisante. L’objectif de la nouvelle plate-forme n’est pas d’accroître le rayon d’action, mais de développer l’offre et le choix pour nos clients, en référençant un plus grand nombre de fournisseurs », souligne le PDG.
Quant à la quincaillerie, elle voyage mieux, mais elle exige à la fois une grande profondeur et une largeur de gamme (22 000 références, contre 4 000 en panneaux), du personnel et beaucoup de conseil. La Bretagne fait partie des secteurs commerciaux visés, au contraire des panneaux. En 2015, pour cette activité, l’entreprise familiale s’est dotée d’une activité e-commerce et d’un site Internet propre, www.referencebatiment.com (lire encadré ci-dessus). Un signe de plus que le groupe né en 1892 se tourne vers l’avenir.


