Situés sur la commune de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne) et aménagés par EpaMarne, les 27 hectares de la ZAC Les Hauts de Nesles se déploient dans la partie ouest de la commune et dans le prolongement nord du pôle universitaire de la cité Descartes, sur la limite communale avec Noisy-le-Grand, au nord de la gare Noisy-Champs (RER A). Pôle majeur de l'Est francilien, cette dernière accueillera les lignes 15 Sud et 16 du Grand Paris Express ainsi que 2 350 logements, 19 000 mètres carrés de bureaux et 16 000 mètres carrés d'activités et de commerces. En conjuguant intensité urbaine et fort dynamisme, la ZAC Les Hauts de Nesles accompagnera le développement et la transformation du quartier. Dessinée par un groupement de maîtrise d'œuvre urbaine pilotée par l'agence Anyoji Beltrando1, elle a d'ailleurs été récemment retenue comme opération-pilote du label BBCA Quartier.
En pratique, les objectifs de ce projet urbain sont multiples : requalifier les 2x2 voies rapides de la RD 199 en un boulevard urbain, aménager le quartier en l'ouvrant sur le tissu urbain existant, développer et valoriser des activités économiques, réaliser un espace public qualitatif et fédérateur autour de la nouvelle gare, mais aussi valoriser les qualités paysagères du territoire. Pour ce dernier objectif, le dessin de la ZAC s'appuie notamment sur un axe vert et bleu structurant, nommé « promenade de la Marne ». Il permettra à terme de relier la gare Noisy-Champs à la vallée de la Marne située en contrebas.
En outre, afin de mettre à profit une topographie dotée d'un fort dénivelé et soucieux de limiter l'impact de son projet sur l'environnement, EpaMarne a privilégié la mise en place d'un système d'assainissement permettant de réduire autant que possible les rejets vers l'aval. Pour ce faire, le principe de gestion des eaux pluviales retenu a été conçu de sorte à avoir la capacité suffisante pour accueillir un volume de pluies jusqu'à l'occurrence centennale - équivalent à la valeur de référence des pluies tombées sur les cent dernières années. Indispensable pour respecter l'ambition de ce projet urbain qui se veut résilient et pérenne : appliquer un principe de zéro rejet vers l'aval, et ce, même lors de fortes pluies exceptionnelles.
Eaux pluviales : une gestion à l'échelle du lot privé et des espaces publics
Encadré réglementairement par un arrêté d'autorisation environnementale obtenue en novembre 2021 et encouragé par un schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) Marne Confluences approuvé, le système de gestion des eaux pluviales de la ZAC Les Hauts de Nesles repose sur l'infiltration des pluies au plus près de leur point de chute. L'infiltration et l'évapotranspiration sont privilégiées dans la mesure où, à elles seules, elles favorisent le développement d'îlots de fraîcheur urbains. Toutefois, dans la pratique, ce principe d'infiltration et d'évaporation s'applique selon deux échelles distinctes : - dans les lots privés : les opérateurs ont l'obligation d'appliquer une gestion à la parcelle. Comment ? Par un stockage dans des ouvrages dimensionnés permettant de retenir les eaux sans débordement lors de pluies courantes (jusqu'à l'occurrence vingt ans). Ce stockage doit se faire dans les espaces de pleine terre ou en toiture. Quant au dimensionnement, il assurera l'infiltration totale de près de 95 % des précipitations annuelles et se fera avec un ratio de volume à stocker en fonction des surfaces imperméabilisées. En cas de fortes pluies, telle qu'une occurrence centennale, le volume de stockage complémentaire se vidangera toujours par infiltration et sera complété d'un dispositif de fuite régulé à faible débit (2 litres par seconde par hectare) vers l'espace public. Cela permettra de limiter le temps de vidange à deux jours. Un objectif ambitieux qui implique de réserver une surface minimum à la nature ! Le cahier des prescriptions architecturales, urbaines, paysagères et environnementales impose qu'au moins 25 % de la surface du lot privé soit libre de toute construction, que 20 % de cette même surface soit en espaces de pleine terre et 10 % dédiés à l'infiltration ; - dans les espaces publics : les eaux pluviales des espaces publics seront gérées par le biais d'une succession d'ouvrages de rétention végétalisés nommés jardins de pluie. Aménagés le long de la promenade de la Marne, axe nord-sud paysager de la ZAC, ces espaces seront connectés entre eux par tranchée d'infiltration. D'une surface variable de 20 à 100 mètres carrés, ils serviront par temps sec d'espaces de loisirs aux habitants et riverains. À l'inverse, en cas de pluie, ils collecteront entre autres les eaux de ruissellement de la chaussée, de la piste cyclable et du cheminement piéton. Leur dimensionnement permettra techniquement d'assurer une infiltration des eaux jusqu'à l'occurrence vingt ans. Au-delà et jusqu'à l'occurrence cent ans, les eaux seront stockées dans ces ouvrages et évacuées par un autre ouvrage de fuite réalisé au point bas et dimensionné pour un débit de 2 litres par seconde par hectare.
Ces jardins de pluies seront directement intégrés dans le paysage, accessibles la majeure partie du temps et avec une étendue d'eau qui dépendra de l'importance de la pluie. Pour compenser la pente du sol, des merlons intermédiaires (petits talus en terre) seront aménagés au sein des jardins, optimisant les volumes de stockage et l'infiltration. Lors d'événements pluvieux importants, les eaux se répartiront entre les différentes entités en surversant par-dessus les merlons. Un substrat adapté aux plantes assurera pour sa part le transfert des écoulements (partiellement par infiltration par temps de pluie, puis par capillarité vers les plantes par temps sec). Un regard de contrôle du niveau d'eau sera placé à l'aval de chaque jardin de pluie permettant de le connecter à l'ouvrage suivant grâce à une tranchée d'infiltration et un drain. Un orifice de régulation sera mis en place sur le regard de contrôle pour éviter une vidange trop rapide et respecter le rejet réglementaire (2 litres par seconde par hectare) lors des fortes pluies. Là encore, le temps de vidange maximal sera de deux jours dans le cas d'une pluie d'occurrence centennale. Un couvert végétal sera planté sur un espace profilé pour assurer le volume de stockage nécessaire minimal pour chaque jardin de pluie. De plus, pour conserver un fond d'ouvrage sec lors des pluies courantes et permettre aux usagers de réutiliser plus rapidement le jardin de pluie, celui-ci bénéficiera également de tranchées d'infiltration remplies de grave (granulats, ect.) dont la porosité atteint 50 %. Elles permettront d'équilibrer les volumes entre les différentes entités des jardins de pluie, d'augmenter les surfaces d'infiltration et d'offrir un volume de stockage complémentaire. Enfin, un système de drainage au sein des tranchées permettra de répartir les eaux sur tout le linéaire et d'assurer la liaison entre les différents jardins de pluie de l'amont vers l'aval et l'exutoire.
L'accélération du changement climatique : un défià prendre en compte aussi !
Pour avancer et aboutir sur ces deux principes de gestion des eaux pluviales (dans les lots privés et dans les espaces publics), une hydrogéologie propre au plateau de Brie2 a dû être constituée. Il s'agit en pratique d'une nappe perchée et temporaire soutenue par des niveaux argileux. La perméabilité des sols a également été mesurée et testée grâce à un certain nombre d'études réalisées au moment de l'étude portant sur l'impact de la ZAC. Bilan ? Selon l'emplacement des points de sondage, et malgré la présence de sols argileux, les résultats ont été plutôt favorables. Pour autant, et alors que la ZAC tend à sortir de terre et que les premiers travaux d'aménagement des espaces publics ont démarré, il reste à confirmer que ces mêmes prescriptions sont cohérentes avec les évolutions météorologiques. La capacité d'infiltration du site doit à présent prendre en compte l'accélération du changement climatique. Cette dernière n'étant pas aussi prégnante ces dernières années. En outre, l'imprévisibilité et la force des phénomènes pluvieux ont modifié l'approche hydrogéologique des sols. Si jusqu'à présent un suivi mensuel permettait de suivre l'évolution d'un sol, seul un suivi plus régulier (quasi quotidien) peut permettre aujourd'hui d'en mesurer la réelle perméabilité. C'est pourquoi EpaMarne travaille activement pour trouver des solutions viables permettant le respect des ambitions données au projet urbain de la ZAC Les Hauts de Nesles, tout en s'adaptant aux évolutions notamment climatiques.
1 Cotraitants du groupement : Anyoji Beltrando (architecte-urbaniste et mandataire), Ingetec (VRD, mobilité, hydraulique), OLM (paysagiste), Studio Vicarini (concepteur lumière), Amoes (ingénierie environnementale), BIM in Motion (manageur BIM).
2 Région naturelle française située dans la partie orientale du bassin parisien, entre les vallées de la Marne, de la Seine et la côte d'Île-de-France.


