Ginkgo n’a pas attendu le ZAN pour se lancer dans le recyclage urbain. Depuis sa création en 2010 par trois associés avec le soutien de la banque suisse Edmond de Rothschild et de la Banque des territoires, ce fonds a engagé 670M€ de fonds propres dans la dépollution et la transformation de friches en Europe, dont 340M€ en France. Au total, il déclare plus d’un million de m² de programmes à usage mixte redéveloppés ou en cours de redéveloppement.
Parmi ceux-ci : le mégaprojet par tranches de Villeurbanne (Rhône), dont la première pierre a été posée le 8 avril. Sur ce premier macro-lot, une future résidence services seniors de 56 appartements a été vendue en Vefa à CDC Habitat qui en a confié l’exploitation à Maison de Blandine. Ginkgo opère ici en co-promotion avec BNP Paribas Real Estate.
Nouveaux quartiers
Situé dans la ville, le foncier de cinq hectares était historiquement dédié à la production de châssis automobiles. A terme, il accueillera 1000 habitants dans un total de 700 logements en accession, sociaux, étudiants… Gingko, qui a cédé à la municipalité un parc de plus de 2ha, prévoit en outre de consacrer 8100m² aux activités économiques et à la future ligne de tramway (T6).
« Ce projet met en valeur notre expertise en matière de revitalisation de friches industrielles, qui permet une transformation durable à fort impact, souligne Guillaume Ribet, directeur général de Ginkgo. Nous favorisons un dialogue constructif entre toutes les parties prenantes pour accélérer la transition écologique et économique, tout en intégrant des solutions respectueuses de l’environnement et en créant de la valeur à long terme pour des investisseurs de premier plan. »
« Au début de notre mandat, ce site était occupé par une usine désaffectée et les sols étaient entièrement artificialisés, rappelle Cédric Van Styvendael, maire socialiste de la commune. Aujourd’hui, le terrain est dépollué, une partie du parc Roger-Planchon s’apprête à être livrée et les premiers bâtiments commencent à sortir de terre. En à peine quatre ans, c’est une prouesse. Ce succès, nous le devons à la force du partenariat entre les collectivités concernées et les promoteurs immobiliers. »
Coup de frein en France
Ailleurs en France, Ginkgo est mobilisé par un autre chantier dans la métropole lyonnaise, à Vénissieux (activités et logistique urbaine). En Ile-de-France, trois projets sont en cours à Suresnes (logements et bureaux), Puteaux (logements) et Pantin avec Les Grandes Serres. Ce projet vise la création d’un nouveau quartier de 86 000 m², avec deux premiers chantiers à dominante tertiaire confiés à Bouygues Bâtiment Ile-de-France. Sur la moyenne de ses treize derniers projets, Ginkgo dépense 26M€ par friche.
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Si la perspective d’une guerre commerciale fait craindre un nouveau coup d’arrêt aux investissements immobiliers en cette nouvelle année de crise pour le secteur, les élections municipales de mars 2026 se ressentent déjà. « Les mairies sont prudentes sur les projets dont le permis est en cours d’instruction, observe Nicolas Menu, le directeur des investissements. Nous notons par ailleurs un ralentissement des projets les moins mûrs. En Espagne et au Portugal, les élus sont plus intéressés par la reconstruction de la ville sur la ville. Il y a une volonté de rééquilibrage après la crise de 2008 qui a donné un coup de frein au secteur de la construction. »
Concours d’architecture
Son équipe composée entre autres d’ingénieurs en dépollution et d’hydrogéologues est chargée de « circonscrire les risques avant l’achat du terrain », explique-t-il. Ginkgo lance des appels d’offres pour les différents intervenants, du dépollueur à l’urbaniste. Ce dernier peut ensuite organiser un concours d’architecture quand ce n’est pas le promoteur ou la collectivité qui propose son agence de confiance. A La Corogne (Espagne), David Chipperfield a été séduit par le projet de transformation de la zone des anciens chantiers navals.
Enfin, « comme un aménageur privé », note Nicolas Menu, Ginkgo a pour habitude de vendre le terrain dépollué au promoteur dont l’une des principales missions est d’obtenir le permis auprès de la collectivité qu’il connaît. Les immeubles résidentiels ou tertiaires créés, selon les besoins de la ville, sont vendus par ce même opérateur, au détail ou en bloc. Basé à Genève (Suisse), le fonds de 35 salariés implantés en Europe prévoit d’ouvrir un bureau parisien avant cet été.