Après le climat, la biodiversité arrive au cœur des préoccupations comme en témoigne l’objectif de « Zéro artificialisation nette » (ZAN) de la loi Climat et résilience promulguée en 2021. A ce titre, les sols jouent un rôle prédominant car ils abritent plusieurs milliers d’espèces (champignons, bactéries, animaux…) et constituent une ressource non renouvelable à l’échelle humaine : la régénération d’un centimètre demande 1000 ans.
Pour favoriser le développement des espèces du sol tout en les rendant carrossables, la société O2D Environnement a souhaité évaluer l’impact de ses dalles alvéolaires. Elle s’est donc engagée dans le projet Activ-S (1) afin d’évaluer les performances environnementales de ses produits. « Nous avons choisi douze parkings en fonctionnement dont les surfaces sont comprises entre 100 et 1000 m², pour prélever et recenser la faune présente », commence Julie Bertout, ingénieur en chimie biologique et responsable technique et R&D chez O2D Environnement.
Acariens, fourmis, araignées...
Les analyses des prélèvements ont été menées par deux laboratoires : celui de Génie civil et géo-environnement (LGCge) de Junia Hauts-de-France de l’Université de Lille 1 et le laboratoire d’analyse microbiologique des sols (Lams). Lors des prélèvements, qui se sont déroulés entre mars et juin 2021, les chercheurs se sont intéressés à différentes familles : les acariens et les collemboles pour la mésofaune [petits animaux inférieurs à 0,2 mm, NDLR], les cloportes, fourmis et araignées pour la macrofaune [dont les dimensions sont comprises entre 4 et 80 mm, NDLR], et les vers-de-terre. « Considérer plusieurs espèces nous a permis de prendre en compte une multitude de paramètres, tels que les prédations, la coopération entre elles, etc. Certaines vont dégrader la matière organique, d’autres vont minéraliser des nutriments, toutes interagissent », résume l’ingénieure.
12 600 individus/m² de parking
Pour la mésofaune, les prélèvements ont mis en évidence 12 600 individus/m², « un chiffre comparable à celui des pelouses urbaines », explique Julie Bertout. Pour la macrofaune, la densité, quoique moins importante, reste supérieures à celle d’une surface totalement bituminée. Par ailleurs, les parkings de plus de cinq ans présentaient une richesse spécifique et davantage de diversité. « Nous avons trouvé beaucoup de juvéniles, ce qui montre que les conditions favorables à la reproduction sont réunies », détaille la responsable R&D.
Quant aux lombrics, ils n’ont été retrouvés que dans les parkings les plus anciens et connectés à une source de biodiversité, ce qui s’explique par le fait que leur migration est à la fois active (ils ne sont pas transportés par le vent comme les acariens) et lente.
De façon plus générale, ce recensement a mis en lumière un répertoire varié d’espèces avec un grand nombre de fonctions et une redondance entre elles. « Des qualités qui favorisent la résilience du sol, car en cas de dégradation d’une population pour cause de maladie par exemple, d’autres peuvent prendre le relais. Cela peut être le cas pour les familles d’animaux capables de dégrader les hydrocarbures », illustre l’ingénieure.
Des fondations fertiles participent à la trame brune
« Obtenir cette résilience repose sur la présence de fondations fertiles sur une profondeur de 23 cm. En cas de sécheresses, les insectes descendent dans la terre pour retrouver de l’humidité, or les fondations fertiles constituent un réservoir », détaille la spécialiste.
Pour O2D Environnement, cette étude montre que les parkings végétalisés peuvent compter parmi les « solutions fondées sur la nature », un concept apparu en 2009 lors de la COP 15 de Copenhague. En offrant aux espèces les conditions favorables à leur déplacement et à l’accomplissement de leur cycle de vie, ce type d’aménagement peut participer à la « trame brune ».
En cas de grande sécheresse, un apport d’eau complémentaire sera tout de même nécessaire. Quant à l’entretien courant, la tonte notamment, il peut être assuré par les véhicules eux-mêmes si leurs passages sont assez fréquents.