Bois des Alpes pour bâtiment multifonctionnel

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Les élus de Saint-Jean d’Arvey en Savoie ont imposé le bois de la forêt communale pour la construction du nouveau bâtiment municipal polyvalent. Un choix qui s’inscrit dans une logique de développement local, sans sacrifier l’architecture et la technique.

Dans le massif des Bauges (73), la commune de Saint-Jean d’Arvey s’est dotée d’un bâtiment multifonctionnel BBC, regroupant une crèche, une garderie scolaire, une bibliothèque et la mairie. Particularité ? L’ouvrage a été construit, selon la volonté des élus de la commune, avec des bois issus de la forêt communale certifiée PEFC et gérée par l'Office national des forêts (ONF).

Une construction qui s’inscrit dans le cadre du programme plus vaste, « 100 constructions en bois local », de la Fncofor, organisme représentant les communes forestières françaises. Un programme porté par l’interprofession bois et qui s’appuie, dans un premier temps, sur la construction de bâtiments publics : le bâtiment de Saint-Jean d’Arvey est l’un d’entre eux.

Pour le maire Jean-Claude Monin, très impliqué dans ce projet et président des communes forestières de France, il n’y a pas d’obstacles à imposer le bois local dans la construction : « C’est un processus qui est en train de se mettre en place. Nous sommes en train de réaliser une étude juridique et d’écrire un mode d’emploi avec l’Association des maires de France, pour éviter les problèmes avec la procédure d’appel d’offres. Il y a des éléments objectifs qui permettent de le faire comme la certification ». Ici par exemple, le bâtiment est le premier à mettre en œuvre du bois certifié “Bois des Alpes françaises”. »

Sélection du bois

Au plan de la conception et de la réalisation, ce choix n’a pas eu d’influence particulière : « Comme nous le pratiquons habituellement, ce bâtiment aurait pu être réalisé avec du lamellé-collé du Nord et des bardages français, mais venant de plus loin… Ce qui change ici, c’est l’origine du bois », explique l’architecte du projet, Vincent Roques. Pour autant, « c’était très clair dans le concours : nous devions imposer au charpentier l’utilisation du bois de la commune mais aussi mettre en avant l’efficience du bois local. Montrer qu’on est capable de faire un tel bâtiment avec une forêt standard, qui n’a pas été plantée pour ça ». Pour concrétiser cette volonté et donner à ce bâtiment valeur d'exemple, les bois sélectionnés ont été, au fur et à mesure de l’exploitation (été 2010), testés au Sylvatest® pour obtenir des grumes de qualité C40 ou plus destinées au bâtiment (77% de C40). Soit 522 m3 de sapin, dans un bois droit, sans nœud, sans défaut et avec un accroissement régulier. « Cette valorisation nous a permis de démontrer que l’on peut affiner les sections via l’utilisation de bois de très bonne qualité ».

Intégration dans la pente

En ce qui concerne la conception, l’équipe de maîtrise d’œuvre et les élus se sont inspirés du centre communal de Ludesch, commune de la région du Vorarlberg en Autriche qui s’est forgée une réputation avec ses constructions exemplaires en bois, en termes de fonctionnalité, d’architecture et de techniques énergétiques. Un moyen de valoriser autant les forêts que les savoir-faire locaux… avec des emplois à la clé. Cela dit, le bâtiment de Saint-Jean d’Arvey a sa propre personnalité et l’architecte a soumis plusieurs propositions originales qui visiblement ont plu, notamment celle intégrant l’ouvrage dans une parcelle en pente difficile : « Nous avons trouvé des solutions pour que les trois niveaux du bâtiment s’inscrivent dans la pente en respectant le terrain naturel et soient accessibles aux personnes à mobilité réduite, indépendamment les uns des autres. Chaque niveau est un lieu distinct en lien direct avec l’extérieur. Une option qui a notamment facilité les questions de sécurité incendie ». Cette proposition affiche le bois façade et plancher autour d’un noyau central en…  béton. « Ce noyau central enterré dans la pente intègre les réseaux, autorisant, quand on raccorde les planchers, le contreventement du bâtiment situé dans une zone sismique ».

Dalles bois préfabriquées

Autre originalité, les planchers : « nous avons retenu un système dit de dalles O’portune ». Soit un plancher conçu avec des planches en bois massif, assemblées sur chant et formant les dalles. Elles ont été préfabriquées en atelier suivant un module de 114 cm de large avec des longueurs variant de 6 à 8 mètres. Pour trouver l'inertie dans l'épaisseur de la dalle, les planches sont disposées verticalement et décalées les unes par rapport aux autres, en quinconce. « Nous avons pu y intégrer les réseaux ».

Les façades, elles, sont conçues selon le principe poteau/poutre pour les parties vitrées et en ossature bois pour les parties pleines. L'enveloppe extérieure est nécessairement en bois, notamment en carrelé bois qui crée ainsi une claire-voie que l'on retrouve sur la façade principale du bâtiment : « Cette grande résille contrôle la pénétration du soleil et donne une image subtile et dynamique à la façade », conclut l’architecte.

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