Le dernier enrichissement du campus de Hittisau illustre l’engagement écologique de Hittisau, commune autrichienne de 2000 habitants, au sein d’un land - le Vorarlberg - réputé pour son bois.
Dans la dernière ligne droite de la construction, le maître d’ouvrage a pris conscience d’une pièce manquante : « Pour réduire le poids de l’alimentation dans l’empreinte écologique du campus, nous avons décidé de transformer la cuisine de régénération en cuisine de production », expose Ida Bals, chargée du service communal Famille et enseignement.
Cerise alimentaire sur gâteau écologique
Pour justifier les 400 000€ ajoutés à la facture de 40M€ dégagée par la maîtrise d’ouvrage, la stratégie de diversification d’une agriculture locale centrée sur le lait et la viande s’ajoute à la volonté de réduire les dépenses de santé : avec leur dominante végétarienne qui ne souffre d’exception qu’à raison d’un jour par semaine, les 420 repas quotidiens contribuent à l’éducation au bien manger et à la bonne santé à long terme des 300 enfants et adolescents qui fréquentent le campus, de l'école élémentaire au lycée. 50 enseignants et et une dizaine de techniciens animent l'ensemble.
La cerise alimentaire sur le gâteau du campus alimente le discours d’Andréa Spoecker : « Ici, l’élan écologique ne s’est jamais arrêté », s’enthousiasme l’architecte urbaniste qui conduit depuis plus de vingt ans des visites centrées sur la construction bois dans le Vorarlberg. Hittisau a toujours fait partie des étapes obligées de ces voyages d’études, grâce à sa maison communale et à sa caserne des pompiers.
Transparence urbaine
Parmi la vingtaine de candidats au concours de 2016 qui aboutira à l’inauguration du campus à la fin avril, l’architecte Mathias Bär s’est démarqué par le choix d’associer neuf et réhabilitation, quand ses concurrents sacrifiaient l’école élémentaire de 1991, incompatible avec les standards énergétiques d’aujourd’hui. « Souvent constitués d’un seul bâtiment, les autres projets tournaient le dos au village », ajoute Melchior Schwärzler, directeur du campus. Entre le lycée et le Lokal qui abrite tous les équipements communs dont la cuisine productive, la vue cadrée sur l’église, avec son clocher à bulbe typique, témoigne de la qualité urbaine du projet.
Le jury d'architecture a choisi le projet le plus ouvert sur le tissu urbain de Hittisau
Seule la façade de l’ancienne école primaire témoigne de l’antériorité de sa construction. A l’intérieur, l’unité avec les deux bâtiments neufs se manifeste d’abord dans l’omniprésence du bois, qui ne cède la place au béton que dans les cages d’escalier et les rez-de-chaussée.
Préférence locale
Désormais systématique dans les établissements publics, le standard passif ne constitue plus un signe distinctif. « Dans ce domaine, le campus de Hittisau illustre le retour du low tech : la décision d’ouvrir les fenêtres appartient aux utilisateurs, et non plus aux ordinateurs », souligne Andréa Spoecker. Remise à sa place, la technologie sert pourtant à donner l’alerte sur la saturation de l’air en CO2, au moyen d’un voyant rouge qui s’allume sur les capteurs quand l’atteinte des seuils l’exige.
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A l’exception d’une partie du mobilier confiée à des entreprises du Tyrol pour des raisons de surcharge des artisans locaux, ces derniers ont décroché la totalité des marchés. Pour rédiger des appels d’offres favorables à cette issue et compatibles avec le droit européen, le maître d’ouvrage a bénéficié de la cellule d’appui aux 96 communes du Vorarlberg. En aval de l’architecte, deux spécialistes de la coordination de chantier ont partagé son pilotage.
Les enfants ont choisi les arbres
Depuis les espaces de circulation, la transparence des classes frappe le visiteur français. « Un enseignant peut surveiller plusieurs groupes d’élèves », explique Melchior Schwärzler. Cette disposition résulte du concept pédagogique élaboré localement, en amont du concours communal d’architecture, avec l’appui du Land, financeur de 40% du projet auquel contribuent également les communes environnantes. Selon une ligne inspirée par les écoles Montessori, les élèves maîtrisent leur emploi du temps, dans un programme dont les enseignants garantissent le respect.
La salle dédiée à l'apprentissage du bois illustre l'importance des travaux manuels, dès l'école primaire
L’importance des travaux manuels, sans distinction de genre, trouve sa traduction dans les salles dédiées à l’apprentissage de la cuisine, du travail du bois et du métal. L’éveil des enfants à la conscience des ressources naturelles est passé par les tables : ils ont choisi les arbres des forêts locales qui ont servi de matière première, avant le montage sur des pieds métalliques fabriqués par Doppelmayr, entreprise locale et leader mondial des remontées mécaniques. Entre fierté du territoire et ouverture sur le monde, les tables d’écoliers réunissent les graines de la réussite du Vorarlberg.
