Cette passerelle en aluminium brille au-dessus du Rhin à Gambsheim

La nouvelle passerelle de Gambsheim (Bas-Rhin), construite en aluminium, se distingue par sa portée, la plus importante en Europe pour un ouvrage dans ce métal. Celui-ci s’est imposé en raison de sa légèreté, au regard du contexte.

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La passerelle piétonne et cycliste est longue de 62,5 mètres.

Dans la catégorie des ouvrages en structure en aluminium ouverts au public, la nouvelle passerelle de Gambsheim (Bas-Rhin) n’a pas d’équivalent en longueur en Europe. Sa portée de 62,5 mètres lui fait enjamber le Rhin, depuis son installation début juin au moyen d’une grue de 500 tonnes. Inaugurée le 23 juin, elle s’offre à présent au passage des piétons et des cyclistes qui n’auront plus à se frayer un chemin au milieu des voitures, le long de la RD2.

Large de 3 mètres et dotée d’une travée isostatique, elle vient se faire une place dans une succession d’ouvrages qui parcourent les dernières centaines de mètres côté français jusqu’à la rive allemande du fleuve dont, principalement, un ensemble d’écluses et une centrale hydroélectrique.

Cette localisation au milieu de cette floraison d’ouvrages plus anciens n’est pas étrangère au choix de l’aluminium. « EDF a émis le souhait que la passerelle soit facilement démontable pour accéder aux points de maintenance de sa centrale hydraulique, ce qui plaidait en faveur d’un matériau plus léger que l’acier. De même, cette légèreté présente l’intérêt de limiter les efforts des structures préexistantes, sur lesquelles la passerelle prend appui », décrit Nicolas Rouzet, chef de service ouvrages d’art fluviaux chez Ingérop, maître d’œuvre de conception. Quant à la propriété anti-corrosive bien connue de l’aluminium, elle limitera les travaux ultérieurs d’entretien de l’ouvrage.

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Passerelle de Gambsheim (Bas-Rhin) : l’ouvrage neuf prend appui sur les structures préexistantes. Passerelle de Gambsheim (Bas-Rhin) : l’ouvrage neuf prend appui sur les structures préexistantes.

Essais du comportement vibratoire

Le recours au métal plus léger a toutefois requis des précautions particulières afin de garantir la stabilité de l’ouvrage. Celles-ci ont généré une phase plutôt inhabituelle d’essais dynamiques vibratoires in situ : il s’agissait de simuler le comportement de l’ouvrage d’un poids de 30 tonnes au passage d’usagers, afin de vérifier son comportement vibratoire et sa déformation.

Ils se sont déroulés en deux temps : d’abord au stade exécution de la phase d’études pour la conformité aux prescriptions du guide technique du Service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements (Setra) relatif au comportement vibratoire des passerelles ; puis en usine, une fois l’ouvrage achevé et prêt à partir pour son montage sur site. « Les valeurs de fréquence et d’accélération ont été mesurées, pour vérifier qu’elles étaient suffisamment éloignées des plages de valeurs présentant un risque de mise en résonance propre à des structures souples.

On peut décrire ce phénomène comme une amplification des déformations pouvant aller, en cas extrême, jusqu’à la rupture de l’ouvrage », décrit Nicolas Rouzet. Les résultats devaient respecter les seuils prévus par le Setra pour le type de classification de cette passerelle, soit un niveau 3 sur une échelle de 1 à 4 décroissante de trafic et d’utilisation de l’ouvrage.

Pour la deuxième phase de tests en conditions réelles, Ingérop a fait appel à un groupe d’étudiants qui a emprunté la passerelle comme pour de vrai, dans les ateliers de Sieffert l’entreprise de charpente métallique. Les mesures de fréquences et accélérations se sont aussi confrontées à l’évaluation plus subjective du ressenti des usagers face aux vibrations.

Fiche technique

Maîtrise d’ouvrage : Conseil départemental du Bas-Rhin
Maître d’œuvre : Strates (architecte) ; Ingérop (conception), conseil départemental (travaux)
Entreprises : Demathieu Bard (mandataire), Ateliers Sieffert (charpente métallique)
Contrôle extérieur : Cerema
Coût (toutes opérations de construction et rénovations d’ouvrages sur le pont de Gambsheim) : 9,9 millions d’euros TTC

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